IonQ est l’une des rares entreprises de l’informatique quantique cotée en bourse : la divulgation de ses premiers résultats éclaire l’actuel marché du quantum computing.

L’informatique quantique… On en parle beaucoup et celle-ci fait fantasmer les utopistes, les services marketings et les technophiles. Mais en réalité, celle-ci n’a toujours pas prouvé sa faisabilité à grande échelle, sa supériorité en pratique à l’informatique classique et pour être tout à fait réaliste n’en est encore vraiment qu’au stade de la recherche fondamentale. En d’autres termes, les acteurs du quantique sont des centres de recherche et des Deeptechs. Et l’informatique quantique se situe encore au milieu de la fameuse phase d’ascension de la courbe « Hype Cycle » du Gartner, celle qui précède la phase de la désillusion puis de l’acceptation. La bonne nouvelle, c’est que les retombées actuelles des recherches sur l’informatique quantique (et donc la physique quantique) sont diverses et variées : industrielles, technologiques, scientifiques, … Et que la phase de la désillusion sera donc peut être plus courte que sur d’autres « hypes technologiques » précédentes.

On le sait, tous les grands acteurs du cloud se sont déjà lancés sur la mise à disposition des premiers prototypes très imparfaits d’ordinateurs quantiques au travers de services QaaS (Quantum-as-a-Service) destinés aux chercheurs notamment dans le domaine de la programmation quantique. Avec la prétention de leur permettre de commencer à élaborer des premières applications pratiques.
Des offres qui ont fait naître des prévisions par des spécialistes d’analyses de marché assez exubérantes : un marché à plus de 64 milliards de dollars en 2030 pour P&S Intelligence, et à plus de 1000 milliards de dollars en 2035 pour McKinsey…

La publication cette semaine des résultats annuels de la startup IonQ, récemment introduite en bourse, permet d’éclairer un peu la réalité du marché quantique d’aujourd’hui.
Les ordinateurs quantiques d’IonQ sont notamment disponibles via les clouds Microsoft Azure, AWS Bracket et Google Cloud. Autrement dit, ils sont actuellement les plus accessibles et les plus utilisés avec ceux d’IBM (exposés via IBM Q Cloud).

IonQ affiche ainsi un chiffre d’affaires en 2021 de 2,1 millions de dollars pour une perte de 106,2 millions de dollars ! Des pertes dantesques pour des rentrées minimales… On est encore dans un monde où la recherche monopolise toutes les ressources. On notera que l’essentiel des revenus d’IonQ ont été générés durant le quatrième trimestre de l’exercice 2021 : 1,65 million de dollars de CA sur le trimestre, un chiffre très supérieur aux 900.000$ anticipés au départ par la startup.

« L’année 2021 de IonQ a été exceptionnelle. Nous avons plus que triplé notre objectif initial, annoncé ce que nous pensons être l’ordinateur quantique le plus puissant au monde et sommes devenus la première entreprise publique d’informatique quantique au monde », commente Peter Chapman, président et PDG de IonQ. « Nos résultats du quatrième trimestre témoignent de notre réussite à la fois en matière de développement technologique et de commercialisation rapide. »

Et l’entreprise se montre optimiste : elle espère multiplier par 5 ses revenus en 2022 et prévoit d’atteindre un chiffre d’affaires annuel de 10,7 millions de dollars. Des revenus qui proviennent de partenariats technologiques avec quelques acteurs industriels (comme Huyndai Motor ou GE), quelques acteurs publics (notamment l’Oak Ridge National Laboratory) et les services QaaS qui exploitent ses machines (Azure, AWS, Google Cloud).

Rappelons qu’une autre startup du quantique, Rigetti, va également faire son introduction en bourse. En suivant les résultats de ces deux jeunes pousses très en vue de l’informatique quantique, nous pourrons nous faire dans les prochains mois une idée plus précise du marché du « Quantum Computing » à courts et moyens termes.


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