Les 16 000 licenciements supplémentaires annoncés la semaine dernière par le conseil d’administration d’HP à l’occasion de la publication des résultats du deuxième trimestre devraient avoir un impact minime sur l’effectif de la filiale française.

C’est du moins ce dont essayent de se convaincre les salariés et le syndicat majoritaire, la CFTC. Plusieurs raisons objectives permettent de le penser.

Ces 16.000 suppressions d’emploi s’ajoutent aux 34.000 déjà annoncées pour la période 2012-2015. Ce qui porte à 50 000 le nombre total de suppressions d’emploi sur la période sur un effectif total de 317 000 salariés (à fin octobre 2013). Le chiffre ne manque pas d’impressionner au premier abord – cela représente 15% de l’effectif – mais il doit être relativisé.

Toujours prompt à communiquer sur les suppressions de postes pour rassurer Wall Street, le groupe continue d’embaucher fortement en parallèle. Comme le signale un salarié sur le blog de la CFTC, malgré les plans de licenciements à répétition sur la dernière décennie, l’effectif global du groupe n’a que peu varié.

Un effectif qui a d’autant plus de chances de rester stable à l’avenir que la baisse du chiffre d’affaires qu’a subi le groupe ces dernières années semble désormais enrayée. Les revenus n’ont ainsi reculé que de 1% sur le deuxième trimestre (période février-avril) et ils pourraient revenir dans le vert si la reprise amorcée du marché mondial IT se confirme sur la deuxième moitié de l’année.

En France, le PDG Gérald Karsenti, très attentif aux enjeux sociaux, est lui aussi convaincu que la reprise est imminente. Depuis sa nomination mi-2011, il n’a eu de cesse de préserver au maximum l’effectif de la filiale de crainte de manquer de bras lorsque la croissance sera revenue.

Jusqu’ici, le tribut de la France à la première vague de 27 000 suppressions d’emplois annoncée mi-2012 (et portée à 34 000 en décembre dernier), n’a finalement été que de 300 suppressions d’emploi sur un effectif de plus de 5 000 salariés. Et encore, le PDG a obtenu de la Corp. que les départs se fassent sur la base du volontariat dans le cadre d’un plan de départ anticipé à la retraite. Un plan qui a séduit 400 volontaires – les derniers partiront en octobre – et a donc permis le recrutement d’une centaine de jeunes.

Sans doute conscient que la Corp. n’en resterait pas là et réclamerait d’autres suppressions d’emplois, Gérald Karsenti a entrepris depuis le début de l’année de négocier avec les IRP un accord de gestion prévisionnelle des emplois et compétences. Un serpent de mer chez HP, puisque les deux premières négociations de GPEC en 2008 et 2012 s’étaient soldées par un échec.

Mais cette fois, l’accord, qui doit être signé ce vendredi, a des chances d’aboutir. Celui-ci garantit qu’il n’y aura pas plus de 2 à 3% de départs nets annuels au cours des 30 prochains mois, soit un maximum de 150 départs par an environ. Ainsi, le plan de sauvegarde de l’emploi 2014 qui doit être négocié dans la foulée de la signature de l’accord GPEC au titre de son volet externe, ne prévoit que 120 départs supplémentaires cette année. Des départ devant s’étaler sur plusieurs mois à partir d’octobre.

Reste à savoir si la GPEC sera suffisante pour absorber les éventuelles suppressions d’emplois supplémentaires réclamées par la Corp. Ou à espérer que la reprise s’imposera avant que les procédures de consultations ne soient terminées (ce qui peut être long).

Si nouvelle charrette il devait y avoir, celle-ci se concentrerait probablement (comme lors de la précédente vague de suppressions de postes) sur les entités services, dont les rentabilités sont les plus précaires du groupe et qui enregistrent les plus fortes baisses de revenus (-7% sur le dernier trimestre). La division Enterprise Services, qui regroupe la moitié de l’effectif européen, avait ainsi écopé de 6 000 des 7 000 suppressions d’emplois annoncées au niveau européen en octobre dernier.

Autre activité potentiellement menacée par les suppressions de postes : les serveurs critiques (BCS) qui ont encore subi une baisse de 14% de leurs ventes sur le dernier trimestre. En revanche, les PC, les serveurs x86 et les équipements réseaux se portent bien (avec respectivement +7%, +1% et +6% en revenus).