Pénurie de développeurs, acculturation technologique, contexte de plus en plus favorable à la fluidité des échanges et à l’innovation constante… Toutes ces dimensions modifient en profondeur les besoins d’outils numériques autant qu’elles les augmentent. Mais quel impact cette redéfinition des besoins peut-elle avoir sur les solutions jusqu’ici inévitables sur le marché, Excel en tête ? La référence absolue des tableurs est-elle déjà sur le déclin ?

Poser la question il y a 10 ans relevait au mieux de l’affabulation, au pire de la folie. Solution miracle, outil de référence, Excel s’était révélé incontournable et rien ne semblait pouvoir menacer son hégémonie. « Y en a qui ont essayé… », dirait l’autre.

Pourtant, aujourd’hui, de nouvelles solutions toujours plus fluides, plus intuitives, plus agréables émergent pour y répondre.

Le code a changé… 

De quels nouveaux besoins parle-t-on, au juste ? De ceux induits par une transition numérique désormais plus qu’amorcée, qui voit chaque structure, entreprise, organisation, avoir besoin de toujours plus de solutions digitales (applications, logiciels, etc.) qui, par ailleurs, doivent correspondre à des objectifs de plus en plus précis et spécifiques. L’heure n’est plus à l’outil, mais à la boîte à outils. Certes, on peut toujours utiliser un marteau pour enfoncer une vis, mais c’est tellement plus efficace avec une visseuse. Et le bois ne s’en portera que mieux.

Mais revenons à la technologie. Quand le téléphone portable est arrivé sur le marché, il répondait à un besoin précis : être joignable à tout instant, pouvoir téléphoner de partout. Aujourd’hui, ce besoin initial est presque marginal par rapport à l’ensemble des solutions qu’il propose : GPS, Réseaux Sociaux, accès à internet, photos…

Le besoin d’applications et d’outils numériques suit la même évolution : on passe d’un modèle où l’outil définit le besoin à un modèle où le besoin génère l’outil. En d’autres termes, les enjeux évoluent si vite et sur des éléments tellement précis que l’adaptabilité et la réactivité deviennent des éléments plus fondamentaux que jamais dans la réussite d’un projet.

Bien souvent, un temps de développement trop long fait courir le risque d’une solution déjà obsolète dès sa sortie. Heureusement, le progrès technologique permet aujourd’hui de pouvoir construire de véritables boîtes à outils permettant de répondre aussi précisément que rapidement à un besoin précis. Au même titre que les « templates » WordPress ont considérablement facilité la création de sites web, les solutions comme Microsoft Power Platform démocratisent la création d’applications pour faire de chaque collaborateur un citizen developer en puissance. Ce faisant, il rend l’utilisateur final créateur de son propre outil.

… Les codeurs aussi

La dimension humaine est évidemment essentielle à cette transition. Pour une raison de contexte d’une part, et d’opportunité de l’autre. De contexte, car ce n’est un secret pour personne, le secteur technologique connaît de grandes difficultés à recruter des profils qualifiés de développeurs. Formation, concurrence d’autres marchés, les raisons sont multiples, mais le constat indéniable. Or, à défaut de pouvoir agir directement pour combler cette pénurie, il est désormais possible de modifier le curseur des besoins en ressources humaines.

En effet, avec la démocratisation de l’accès au développement d’outils numériques, les compétences escomptées évoluent. Assurément, les développeurs ont et auront toujours un rôle central dans la réponse aux enjeux technologiques des entreprises et organisations.  Cependant, ce recentrage va leur permettre d’exprimer leur réelle valeur ajoutée : une vision à plus long terme, plus stratégique, sur des solutions plus complexes. Ce seront alors les équipes utilisatrices finales des solutions qui prendront la main sur leur réalisation. Or, qui connaît précisément les besoins auxquels l’application à développer doit répondre, sinon l’utilisateur final ? Et c’est quand même plus facile avec une boîte à outils qui permet le développement d’une quantité presque infinie de propositions numériques qu’avec un marteau dont la seule promesse est de servir de tournevis…

Excel diffusé, Excel surutilisé, Excel dévoyé

Excel s’est imposé depuis des années comme un outil indispensable, à raison parfois, à tort, souvent. Dans bien des cas, il est en effet utilisé à contre-emploi. Faire d’Excel un outil de stockage de base de données est une aberration. Il n’est pas sécurisé, sans interconnexions entre les différentes versions ou  apports des équipes, il démultiplie les occurrences de fichiers (vous connaissez toutes et tous le fameux Document_BDD_22.01.23_revuJL_V2_DEF_comsTP.xls…) et gonfle alors le poids de stockage.  La liste des risques d’erreurs et des inconvénients est donc aussi longue que le nom du fichier.

Ce n’est guère mieux côté gestion des relances et CRM. Là aussi, Excel est fréquemment utilisé alors qu’il ne devrait pas l’être. Le remplissage est fastidieux, chronophage, sans oublier, là encore, la démultiplication des versions ou le manque de collaboration sur un même fichier. Même constat quant à son utilisation comme outil de gestion, y compris de gestion de projet. Pour le suivi de contrats, de renouvellement d’abonnements, chaque membre d’une même équipe travaille sur une version différente d’un même fichier, occasionnant bien souvent des conflits de données. Dans certains cas, on assiste aussi à une démultiplication d’une même tâche, effectuée par plusieurs collaborateurs ou collaboratrices… Bref, un remplissage loin d’être optimal, et en prime rébarbatif.

Enfin, la palme revient certainement à l’utilisation d’Excel comme outil d’intégration. Bienvenue dans le monde merveilleux des croisements de tableaux qui auraient préféré ne jamais se rencontrer ! La tour de Babel 2.0. Et 2.0, c’est flatteur. Une légère erreur dans l’agrégation de plusieurs sources d’informations, et tout devient inutilisable. Consolidation des données, reporting, tous ces usages sont possibles avec Excel, mais le temps passé pour arriver à une solution fiable et performante est considérable.

Pour chacune de ces dimensions, d’autres solutions existent, bien entendu. Mais aucune n’a jusqu’ici pris la relève. Microsoft Power Platform peut alors se révéler précieux, se posant en digne héritier plus malléable et mieux adapté à ces enjeux, tâches, et modes d’utilisation.

Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si l’un des leaders du marché, Microsoft, propose lui-même une solution, Power Platform, qui à première vue pourrait passer comme une concurrente de l’outil de référence Excel. En tant qu’actrice incontournable du secteur, la firme nord-américaine est aux premières loges pour constater le besoin de cette transition et en prendre la mesure, quitte à faire naître en son sein une concurrence entre un nouveau produit et ce qui est devenu avec le temps une de ses institutions.

Toutes les transitions profondes sont à ce prix : l’évaluation des forces de l’existant et des menaces qui pèsent sur lui. En proposant une alternative à Excel, Microsoft dessine de nouvelles frontières, non seulement entre les possibilités de développement offertes par ces deux solutions, mais aussi à l’intérieur même de sa propre entité, avec un objectif : satisfaire toujours plus précisément les besoins de sa clientèle. Microsoft Power Platform répond à des besoins qu’Excel remplissait par défaut, faute de mieux. Ou quand nouvelle frontière rime avec expansion.

En d’autres termes, Microsoft Power Platform n’est pas une menace pour Excel, c’est une opportunité de lui restituer ses vertus initiales. Finalement, le titre de cette tribune aurait pu être “Excel est mort, vive Excel”.
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Par Nicolas Lenglet, team leader Power Platform chez Prodware.

 

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