De plus en plus les DSI sont tiraillés entre l’exploitation et la maintenance des systèmes existants, l’infrastructure, et la transformation numérique de leur entreprise.
Près d’un tiers des dépenses IT se feraient désormais en dehors de la DSI. C’est l’un des résultats de l’étude que vient de publier l’intégrateur Avanade sur l’évolution du rôle des départements IT.
Depuis que l’informatique existe, DSI aujourd’hui, directeur informatique ou DOSI hier, partagent leur temps entre l’exploitation de leur infrastructure et le lancement de nouveaux projets. Depuis toujours, ils s’émeuvent du fait qu’ils sont trop accaparés par la première activité et n’ont pas assez de ressources à consacrer à la seconde. C’est la fameuse répartition entre Exploitation et Etudes qui s’est fixée aux alentours de 70/30. Et ce malgré les annonces répétées des éditeurs de logiciels de maintenance et de supervision, malgré l’industrialisation des data centers, cette répartition ne semble pas pouvoir bouger beaucoup. Aujourd’hui, une nouvelle tâche, que l’on appelle la transformation numérique, s’impose aux entreprises qui se situe à la lisière entre la DSI et les métiers ou qui nécessite la contribution des deux parties. En gros, l’utilisation des technologies à tous les étages et pour transformer de fond en comble le fonctionnement des entreprises, ses relations avec ses clients et plus généralement ses partenaires.
Résultat, en France, 31 % des budgets IT échappent désormais au contrôle des départements informatiques ce que l’on appelle aussi le Shadow IT ; Cette appellation est peut-être de plus en plus inappropriée dans la mesure où elle laisse entendre qu’il s’agit là de dépenses qui ne seraient pas référencées ou faites de manière totalement non maîtrisées. La DSI est-elle un facteur d’efficacité ? Pas sûr lorsqu’on observe que 8 cadres dirigeants sur 10 estiment prendre des décisions plus rapidement si le service informatique n’intervient pas. Mais prendre une décision n’est pas une fin en soi, il faut juger de son efficacité et de sa pertinence.
Face à ces changements, l’étude menée par Avanade montre l’émergence d’un nouveau modèle de « courtier en services » (« service broker ») pour la DSI. En effet, les services IT consultent les différents départements de l’entreprise pour mieux cerner leurs besoins et objectifs technologiques, et recherchent des services ou partenaires informatiques internes ou externes pour répondre à ces demandes.
Plus d’un tiers (44 % en France contre 35 % dans le monde) des départements informatiques jouent désormais essentiellement un rôle de courtiers en services. Une DSI qui de plus en plus fait faire plutôt qu’elle ne fait elle-même. Un courtier est un agent qui sert d’intermédiaire pour une opération entre deux parties, les fournisseurs IT de l’entreprise et les utilisateurs finals. Dans cette évolution, il est donc tentant pour les métiers de faire appel directement aux fournisseurs sans passer par la DSI.
Selon l’étude, en France 51 % (58 % au niveau global) des sociétés dont les départements informatiques sont structurés de cette manière déclarent qu’elles vont développer le rôle de leurs « courtiers en services informatiques » dans les 12 prochains mois.
Parmi les autres résultats de cette étude, on peut noter :
– La DSI joue de plus en plus un rôle de conseiller auprès des responsables internes et des partenaires. De fait, 77 % des personnes interrogées en France voient d’un bon œil l’interaction directe du département informatique avec des clients et des partenaires importants. Et deux entreprises françaises sur trois envisagent de développer le rôle de conseil aux fonctions métier dans leur département informatique l’an prochain.
– Pour répondre aux problématiques des employés, clients et partenaires, les chefs d’entreprise veulent que le département informatique acquière des compétences dans des secteurs clés où ils pourront trouver des technologies innovantes appropriées, dans un monde de plus en plus digital. Les cadres dirigeants évoquent la nécessité de renforcer les compétences en matière de services cloud (21 % en France contre 44 % au niveau mondial) et d’intégration des services et systèmes (32 % en France contre 43 % au niveau mondial).
– Les entreprises qui attribuent au service informatique un rôle de conseil aux fonctions métier et de courtier en services sont satisfaites des résultats. 71 % des cadres dirigeants (tous pays confondus) affirment que les départements informatiques actuels ont une culture centrée sur le salarié. Une des difficultés aujourd’hui est que les clients de l’entreprise sont aussi les clients de la DSI.
Malgré ces changements, l’équipe informatique passe encore une grande partie de son temps dans la gestion et la maintenance des anciens systèmes (36 %). Résultat : une DSI qui doit trouver un équilibre entre le support technique des systèmes existants et le besoin d’innover en permanence pour garder une longueur d’avance sur la concurrence.