Pas de grosses annonces mais plein de petites nouveautés qui vont impacter – parfois de façon très importante – les développements en entreprise… Voici tout ce qu’il faut retenir de la conférence Build 2021 de Microsoft.

La Build 2021 ne restera pas dans les annales. Contrairement à son habitude, Microsoft n’a pas inondé sa conférence d’une pluie d’annonces et de démos spectaculaires. Même si officiellement plus de 100 nouveautés y sont présentées, aucune n’est réellement majeure et à même de captiver l’attention de tous. Certes, la Build reste d’abord et avant tout un rendez-vous de développeurs. Et certaines annonces vont sans aucun doute simplifier leur quotidien et améliorer leur productivité. Mais contrairement aux éditions précédentes et aux conférences développeurs de la concurrence (Google I/O qui s’est tenue la semaine dernière et Apple WWDC qui se tiendra le 7 juin), la Build 2021 n’a été animée d’aucune information majeure à même de passionner les DSI, les utilisateurs Windows et les observateurs de l’univers Microsoft.

La Build 2021 est elle finalement marquée du sceau des rendez-vous manqués ? On attendait des données sur Windows 10X mais le projet a été officiellement annulé quelques jours auparavant. On espérait quelques infos croustillantes sur Sun Valley, mais Satya Nadella s’est limitée à quelques mots pour donner rendez-vous « très bientôt ». On prévoyait quelques annonces bienvenues autour de Windows 10 on ARM, mais Microsoft n’a même pas évoqué le kit de développement Snapdragon annoncé la veille. On supposait que l’éditeur dévoilerait Visual Studio 2022 pour finalement se contenter d’annoncer que la « Preview 1 » ne verrait le jour que dans quelques semaines. On aurait adoré des surprises autour d’Android, de Project Reunion, des Hololens 3… Mais on n’a rien eu de tout ça…

Alors que retenir finalement des quelque 100 nouveautés au menu de cette conférence ? Quelques petites choses pas inintéressantes et qui méritent que l’on s’y arrête…

L’essentiel d’Azure sur Kubernetes… et donc sur du On Premises, sur AWS et sur GCP…

S’il faut retenir une information de cette Build 2021, c’est bien celle-ci. Azure App Service, Azure Functions, Azure Logic Apps, Azure API Management et Azure Event Grid, peuvent maintenant s’exécuter sous Kubernetes. Autrement dit, par le biais du service d’administration multicloud Azure Arc, l’essentiel de la plateforme PaaS Azure peut s’exécuter On-Premises (notamment sur Nutanix qui est nativement supporté par Azure Arc) mais aussi sur AWS ou GCP !!! Du Azure « anywhere » en quelque sorte.
L’information est importante en soi et ouvre de nouvelles perspectives de mobilité hybride des workloads « cloud natifs » pour les entreprises. Mais elle prend une valeur particulière quelques jours après l’annonce du plan cloud français et du push du gouvernement pour une souveraineté numérique française. Les entreprises et OIV vont en effet pouvoir continuer à développer des applications clouds en utilisant les technologies Microsoft tout en hébergeant les briques sur les clouds de leurs choix et donc sur les clouds européens certifiés « cloud de confiance » !
Par ailleurs, Microsoft a annoncé la disponibilité en GA (version finale) de AKS (Azure Kubernetes Service) sur sa plateforme hyperconvergée Azure Stack HCI. Là encore, l’idée est de fluidifier les scénarios hybrides entre on-premises et Azure.

Développer en Power Fx par la parole…

Certes la démo n’est peut-être pas aussi spectaculaire que l’intelligence conversationnelle présentée par Google. Mais elle sera plus rapidement disponible et transformera n’importe quel utilisateur sachant exprimer vocalement ses besoins en développeur Power Fx. Rappelons que Microsoft possède l’exclusivité d’exploitation de l’intelligence NLP d’OpenAI connue sous le nom de GPT-3. OpenAI avait démontré que son intelligence était capable de transformer une demande formulée vocalement en code HTML.
Microsoft l’a adapté à son nouveau langage Power Fx qui est en passe de devenir très universel dans tout l’environnement bureautique de l’éditeur.
Avec GPT-3 intégré à Microsoft Power Apps, n’importe quel utilisateur peut désormais créer une application en exprimant son besoin en langage naturel. Pas besoin de savoir coder, ni même de connaître Power Fx pour se fabriquer ses propres commandes d’analyse. Il suffit de dire par exemple « Montre-moi les clients français dont l’abonnement est expiré ». Typiquement, au lieu d’avoir à entrer une formule comme « FirstN(Sort(Search(‘BC Orders’, “rasoir”, “aib_productname”), ‘Purchase Date’, Descending), 10) », il est vrai plutôt barbare, l’utilisateur peut se contenter de demander « Montre 10 commandes qui ont ‘rasoir’ dans le nom du produit et trie par date d’achat par ordre chronologique inverse ». Mais il faut le dire en anglais pour l’instant…

Azure Confidential Ledger… Parce que (presque) personne n’a besoin d’une Blockchain…

Il y a quelques jours, Microsoft annonçait l’arrêt de son service « Azure Blockchain Service ». Lancé en 2016, il devait servir de fondation à une marketplace de blockchains certifiées. Mais la sauce n’a jamais vraiment pris et Microsoft a préféré fermer le service et orienter ses utilisateurs vers la solution tierce « ConsenSys Quorum Blockchain Solution », hébergée dans Azure.
En fait, comme bien des DSI, Microsoft s’est rendu compte que la plupart des entreprises n’avaient pas besoin d’une blockchain mais simplement d’un registre, éventuellement distribué (Distributed Ledger). L’éditeur a inauguré à la Build 2021 son nouveau service Azure Confidential Ledger. Bien évidemment à l’épreuve des falsifications, ce nouveau service de stockage se veut être « le seul registre du marché animé par l’informatique confidentielle via un environnement d’exécution fiable (TEE) afin de protéger au maximum les données utilisées ». Azure Confidential Ledger garantit l’inviolabilité des données, l’écriture une seule fois (WORM), une montée en charge quasi-illimitée et des journaux pour valider qu’aucune altération n’a eu lieu.

La plateforme Teams s’universalise…

Vedette de toutes les dernières conférences Microsoft, Teams était de nouveau à la fête à la Build 2021. Bien plus qu’un hub collaboratif, Teams s’impose comme la nouvelle plateforme d’intégration de services et d’automatisations au sein de l’entreprise. À Build 2021, Microsoft a lancé la version 2.0 de son « Teams Toolkit » pour Visual Studio et Visual Studio Code. Ce dernier simplifie l’intégration d’applications métiers dans Teams mais aussi l’intégration de services Azure comme Azure Functions. Par ailleurs Teams propose une nouvelle API de gestion des meetings pour mieux intégrer les réunions dans les Workflows ainsi qu’une nouvelle API Media qui permet aux développeurs d’accéder en temps réel aux flux audio et vidéo des réunions pour ajouter des fonctions de transcription, de prises de notes automatisées, d’insights, etc. La fonction « Shared Stage Integration » permet aux développeurs d’accéder à l’écran principal des meetings pour ajouter de nouvelles expériences collaboratives comme des tableaux blancs, des graphes de suivi de projets, etc. Autre nouveauté phare, le fameux « Together Mode » va désormais être personnalisable pour permettre aux développeurs de créer de nouveaux environnements interactifs propres à l’entreprise.
Dernier point ayant retenu notre attention, l’intégration des « Fluid Components » dans Teams et ses conversations. Voilà qui ouvre d’intéressantes perspectives collaboratives entre Teams et les documents Office grâce au Fluid Framework (qui rappelons-le est en open source).

Les apps graphiques Linux pour tous…

La fonctionnalité n’était jusqu’ici qu’en preview pour les Windows Insiders (et uniquement ceux du Dev Channel). Elle arrive pour tous par le biais de Windows Update. Désormais, toutes les applications Linux, y compris les applications graphiques, peuvent s’exécuter nativement sous Windows 10 et profiter d’une accélération GPU.

 

Windows Terminal… une 1.9 avec un Quake Mode…

Autant s’y habituer… Dans la prochaine version de Windows 10, Windows Terminal remplacera par défaut l’ancestral « Terminal de commandes ». Et c’est une très bonne chose tant Windows Terminal lui est en tout point supérieur : multionglets, affichage accéléré par GPU, support des shell Linux et Azure, etc. En attendant, Microsoft peaufine son nouveau terminal pour les férus des lignes de commandes avec une version 1.9 qui introduit un « Quake Mode », autrement dit le moyen de lancer Windows Terminal à n’importe quel moment, depuis n’importe quelle application, par un simple raccourci clavier.

La réunion se précise… Une 0.8 en Preview…

Microsoft veut simplifier son univers d’API totalement siloté et simplifier la vie des développeurs Windows. C’est tout l’objectif de son titanesque travail sur « Project Reunion » qui veut unifier Win32, WPF et UWP. Un travail toujours en cours mais qui progresse vite et bien. À l’occasion de la Build, l’éditeur a publié la version 0.8 de ce métaframework basé sur .NET 6 et WinUI 3, deux briques qui vont probablement profondément transformer le développement des applications métiers en entreprise.

.NET 6 Preview 4 adopte l’Apple M1…

Puisque l’on évoque .NET 6, le nouveau framework de développement cross-plateforme pour les serveurs comme pour les terminaux, signalons que Microsoft et la communauté open-source autour du projet avance comme attendu. La bêta approche et l’éditeur a lancé une Preview 4 qui supporte nativement les processeurs Apple M1 sur macOS.

.Net MAUI en Preview 4… avec du Hot Reload…

Autre brique importante en chantier, .NET MAUI est la brique de développement cross plateforme mobile/desktop pour aider les entreprises à n’avoir qu’un seul code dans leurs applications développées à la fois pour les PC et les mobiles. Elle aussi progresse à grands pas avec une Preview 4 plus aboutie avec le support du composant BlazorWebView (pour incorporer les Web Apps Blazor directement dans votre app .NET MAUI) et du Hot Reload qui permet aux développeurs d’éditer le code source d’une application pendant qu’elle s’exécute afin d’accélérer la chasse aux bugs.

Edge 91… Le plus rapide sous Windows ?

À l’occasion de la Build, Microsoft a dévoilé la prochaine version d’Edge construite sur le code source de Chromium 91. Edge 91 veut devenir le navigateur Web le plus rapide sous Windows, plus rapide donc que Chrome dont il dérive directement. Pour cela, Microsoft introduit deux technologies Startup Boost (pour accélérer le lancement du navigateur) et « Sleeping Tabs » (pour mettre en pause les onglets Web automatiquement après un laps de temps configurable).

Du Process Mining pour Power Platform….

Microsoft continue de soigner sa plateforme No-Code/Low-Code et RPA. Côté RPA, un nouveau module Process Advisor réalise du process-mining pour vous suggérer lesquels de vos processus actuels gagneraient à être davantage automatisés avec Power Automate.

Le futur de Windows… « excitant et pour très bientôt »…

Windows 10 est assez incroyablement absent de cette Build 2021 alors que les PC sont redevenus « hypes ». L’explication tient dans le fait que Microsoft semble préparer un grand évènement dédié à son OS prochainement. Nombreux sont les observateurs qui espéraient en découvrir plus sur Windows 10 21H2 et « Sun Valley » à l’occasion de la Build. Mais Satya Nadella s’est limité à un simple teaser verbal : « Prochainement, nous partagerons avec vous l’une des plus importantes mises à jour de Windows de cette dernière décennie afin de libérer de plus grandes opportunités économiques pour les développeurs et les créateurs. Je l’utilise moi-même depuis quelques mois et je suis incroyablement excité par la prochaine génération de Windows. Voici notre promesse : nous créerons plus d’opportunités pour chaque développeur Windows aujourd’hui et accueillerons chaque créateur qui recherche la plateforme la plus innovante, moderne et ouverte pour construire, distribuer et monétiser ses applications. Nous nous réjouissons de vous la faire découvrir très bientôt ».

La conférence Build doit encore se poursuivre d’ici Jeudi. Au détour des 300 sessions, nous découvrirons peut-être quelques nouveautés à venir…

 

Un Sinclair ZX80 sur la Build…

Cela devient presque un jeu… Mais chaque keynote de Satya Nadella passionne les geeks bien plus pour le contenu des étagères placées en arrière-plan que pour le discours du CEO de Microsoft lui-même. Et pour cette Build 2021, au milieu de livres, photos de famille et autres bibelots, on pouvait découvrir quelques pépites historiques comme une disquette 5 pouces 1/4, un pack Visual Basic (le langage n’a plus été ainsi mis en avant lors d’une Build depuis bien longtemps) et même un authentique Sinclair ZX80 ! Nostalgie, nostalgie…