Avec la sortie des premiers PC en Snapdragon X, l’univers Windows découvre les atouts et faiblesses de cette nouvelle plateforme. Passer en ARM n’est pas anodin, et Microsoft a donné d’utiles précisions sur la compatibilité qu’il vaut mieux connaître avant de se jeter sur un Copilot+ PC.

Alors que les premiers Copilot+ PC sont arrivés sur le marché américain, les utilisateurs commencent à découvrir le potentiel et les atouts de ces nouvelles machines ultra-autonomes mais aussi les contraintes et conséquences d’un passage à une architecture ARM. Pour éclairer leurs lanternes, Microsoft a publié toute une série de blogs apportant des informations, bonnes pratiques et conseils aux utilisateurs de ces machines d’une nouvelle ère Windows.

Au chapitre des bonnes nouvelles, les Snapdragon X tiennent toutes leurs promesses. Les machines sont très performantes, ultra-réactives et très autonomes. Surtout, débrancher la machine du secteur ne ruine pas totalement les performances et l’expérience utilisateur contrairement à ce que l’on constate trop souvent dans l’univers Intel. Selon différents tests, en mode économie de batterie, les performances des machines Snapdragon X baissent de moins de 10% et plutôt autour de 5%. Avec des machines qui affichent en général dans les 20 heures d’autonomie, cela change profondément la donne.

Au chapitre des nouvelles moins réjouissantes, nombre de premiers testeurs se révèlent déçus par les performances ludiques. Trois raisons sont avancées : le passage obligé par la couche d’émulation Prism, un fonctionnement Auto-SR inégal et des variantes du Snapdragon X inégales face aux jeux. Autre point noir, tout changement d’architecture est un défi, et le passage en ARM malgré les progrès accomplis peut réserver quelques désagréables surprises.

Les Copilot+ PC ne sont pas des machines de gamers !

L’immense majorité des ordinateurs portables à base de processeurs mobiles Intel et AMD ne sont pas des machines de gamers. Les dernières générations sont néanmoins capables de faire tourner les « casual games » (les jeux de distraction comme les solitaires et autres) avec une agilité maximale mais aussi les hits « AAA » du moment à condition de sacrifier la définition et les détails.

Les nouveaux Copilot+ PC à base de Snapdragon X s’inscrivent totalement dans cette ligne. Et les performances ludiques sont suffisantes pour la plupart des gamers lorsque les jeux sont compilés en ARM. Les choses sont plus compliquées pour les jeux Intel. Ils s’exécutent par le truchement d’une nouvelle couche d’émulation dénommée Windows Prism très supérieure aux précédents mécanismes d’émulation Intel sur ARM de Windows. Mais celle-ci impacte les jeux de façon très inégale. Certains sont plus ralentis que d’autres. Qualcomm et Microsoft soutiennent l’effort open source de Linaro avec un site communautaire qui répertorie les compatibilités « Windows on ARM » des jeux du marché : Windows on Arm Ready Games (worksonwoa.com)

Worksonwoa.com : Un site pour savoir la compatibilité de jeux sur les machines ARM

Mais surtout l’émulation impose parfois des résolutions graphiques étranges et disgracieuses que la technologie Auto-SR (une autre nouveauté qui exploite les NPU pour étendre intelligemment la résolution des jeux) n’arrive pas toujours à combler efficacement. Sans surprise, cette première version d’Auto-SR semble proposer des rendus de qualité très variables selon les jeux.

Les effets magiques de Auto-SR : technique de supersampling de Microsoft

Enfin, une partie de la déception provient d’un manque de compréhension des subtilités de la gamme Snapdragon X. On sait que les Snapdragon X Plus se démarquent des « X Elite » par 2 cœurs CPU en moins, un boost Dual Core absent et surtout un GPU, au moins 20% moins performant.
Mais en pratique, les choses sont plus complexes. Car il existe trois modèles de « X Elite » : le « X1E-78-100 », le « X1E-80-100 », et le « X1E-84-100 ».

Comprendre la nomenclature des processeurs Snapdragon X

Or seul le modèle « 84 » embarque la version la plus puissante du GPU à même de satisfaire les joueurs. Les modèles « 78 » et « 80 », qui sont et de très loin les modèles les plus répandus sur les premières machines disponibles, utilisent le même GPU plus poussif que celui du « Snapdragon X Plus ». D’où la déception en matière ludique de certains qui constatent des performances sur les jeux inférieures à celles annoncées (et réalisées avec la version 84, la version la plus puissante mais aussi la plus onéreuse et celle qui dégage le plus de chaleur des Snapdragon X Elite). Les futurs acquéreurs qui veulent jouer sur leur machine Copilot+ PC devront être très vigilants sur le modèle de Snapdragon X Elite proposé sur les machines et choisir des machines animées par le « X1E-84-100 ».

La compatibilité Intel « Prism » a ses limites

Un processeur à architecture ARM n’a rien en commun avec un processeur à architecture Intel x86/x64. Un logiciel compilé pour l’une ne peut fonctionner sur l’autre. Sauf en passant par une émulation. C’est ce que fait Windows Prism, une technologie magique co-développée par Microsoft et Qualcomm qui fait des miracles et permet d’exécuter la plupart des logiciels Intel sur Snapdragon X. Windows on ARM dispose depuis longtemps d’une émulation Intel. Mais l’émulation Prism se révèle 2 à 3 fois plus performante que l’ancienne émultation.

Mais comme toute magie, elle a ses limites. Ainsi, certaines applications de très bas niveau peuvent ne pas fonctionner. Ce n’est pas qu’une mauvaise nouvelle : bien des malwares de bas niveau de l’univers PC ne fonctionnent simplement pas sur les machines ARM.
Mais certains logiciels authentiques comme les antivirus, les outils d’optimisation, les outils qui trichent avec le système peuvent ne pas fonctionner. Certaines protections hadwares et/ou logicielles peuvent aussi se montrer incompatibles et empêcher le logiciel qui les utilise de fonctionner. Toutes les applications qui utilisent des « drivers » Intel x64 pour fonctionner sont également incompatibles. Il s’agit souvent d’applications industrielles pilotant des équipements externes.

Ces cas sont chaque jour qui passe un peu moins nombreux, un effort récent mais important a été fait par les principaux éditeurs pour porter les principaux logiciels en natif sur ARM afin de profiter de toute la performance et l’efficience de l’architecture. Mais il faudra pendant encore de nombreux mois se contenter de l’émulation sur nombre de vos vieilles applications Windows fétiches ou choisir des alternatives portées en ARM.

L’impression peut être un problème… Autant l’anticiper !

Un dernier problème mérite toute votre vigilance : l’impression et les scanners. D’abord, l’application ancestrale « Windows Fax & Scan » n’existe pas sous Windows. Mais surtout, imprimantes et scanners utilisent des pilotes et donc ne sont en théorie pas compatibles à l’émulation.

Dans la pratique, la vaste majorité des scanners relativement récents fonctionnent parce qu’ils reposent sur des protocoles universels depuis longtemps.

Pour les imprimantes, les choses sont beaucoup plus subtiles et compliquées. Sur les modèles récents, les constructeurs comme HP et Xerox ont des applications natives ARM et la plupart des imprimantes actuelles supportent le protocole universel Mopria.


En revanche, pour les imprimantes plus anciennes, la prudence doit être de mise. Certaines disposent d’un driver intégré en standard à Windows on ARM. Mais elles sont minoritaires. Le mieux est d’aller chercher l’information de la compatibilité sur le site du constructeur de l’imprimante ou contacter le support. L’important est de retenir qu’adopter un Copilot+ PC sous Snapdragon X peut vous conduire à aussi changer votre imprimante.

 

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