L’entrée d’Apple dans le Dow Jones (DJIA[1]) est l’occasion de comparer l’indice boursier américain avec le CAC40 et la place qu’ils accordent respectivement aux technologies et aux télécoms.
La firme à la pomme qui rejoint l’indice le plus connu de Big Apple, quoi de plus normal. Apple est devenue la première capitalisation boursière mondiale avec 740 milliards de dollars (Apple au-delà des 700 milliards de dollars). A titre de comparaison, le PIB de la Suisse en 2014 s’est élevé à 680 milliards de dollars tandis que celui de la France frôlait les 3 000 milliards. C’est à partir de 2005 qu’Apple a commencé « à affoler les compteurs » ayant engrangé les premiers succès avec l’iPod, premier étape de l’« iRénovation » de la compagnie. L’iPhone puis l’iPad ont ensuite démultiplié le phénomène. Beaucoup plus près de nous, l’accueil des marchés financiers suite à l’annonce de l’iWatch a été très mitigé.
Fort d’un tel poids, il était donc normal de considérer l’entrée de l’action AAPL entre dans l’indice du Dow Jones regroupant trois poids lourds censés représenter l’économie américaine. Exit AT&T qui avait fait son entrée dans l’indice en 1916 et qui y est resté sauf pendant une courte période. L’objectif annoncé par le Dow Jones est de renforcer le poids des valeurs technologiques.
« En tant que plus grande capitalisation du monde et leader technologique, Apple était un choix évident pour le DJIA, expliquait David Blitzer, directeur du comité responsable des indices à S&P Dow Jones. Le DJIA est constitué de telle manière que les valeurs élevées tendent à influer l’indice alors que les valeurs les plus faibles ont un impact assez marginal. Le timing est opportun car il intervient en raison de deux splits (divisions) d’action : 7 pour 1 pour Apple en juin 2014 et 4 pour 1 pour Visa le 19 mars 2015, date à laquelle l’action sera intégrée au DJIA ». Après le départ d’AT&T, le DJIA gardera avec Verizon une valeur dans le domaine des télécoms. De son côté, la valeur de l’action AAPL sera très proche de la valeur médiane de l’indice.
Apple rejoint donc le club des valeurs technologiques constitué des poids lourds tels que, IBM, Microsoft, Intel et Cisco. IBM a fait son entrée en 1979 avec Merck en remplacement de Chrysler et d’Esmark, une société spécialisée dans l’acier. Ces deux sorties marquaient déjà le déclin de l’industrie automobile. Intel et Microsoft ont fait leur entrée lors d’un grand chambardement qui voyait la sortie de « vieilles » entreprises (Chevron, Goodyear, Sears Roebuck, and Union Carbide). En fin Cisco a intégré le DJIA en 2009 en même temps que Travelers pour remplacer Citygroup et General Motors. Cette date est notable dans la mesure où plus aucun constructeur automobile n’est présent dans l’indice.
Créé avec 1 000 points de base au 31 décembre 1987 par la Compagnie des agents de change, l’indice CAC 40 est déterminé à partir des cours de quarante actions cotées en continu sur le premier marché parmi les cent sociétés dont les échanges sont les plus abondants sur Euronext Paris. Ces sociétés, représentatives des différentes branches d’activités, reflètent en principe la tendance globale de l’économie des grandes entreprises françaises. Comme le DJIA. Le CAC40 est restructuré en fonction de l’évolution des entreprises qui y participent.
La comparaison des deux indices montre quelques différences assez marquantes, notamment une place bien plus importante dans le DJIA aux valeurs du secteur de la finance mais aussi aux valeurs du monde l’IT au sens large (près de 10 % contre un plus de 1 %). Il faut reconnaître qu’il faudrait chercher attentivement pour trouver des valeurs technologiques françaises qui pourraient entrer dans le CAC40. A noter aussi la forte présence de l’activité pétrolière dans le CAC40 – alors qu’elle beaucoup plus discrète dans le DJIA – lié directement au poids très important de Total.
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[1] Le Dow Jones Industrial Average a été créé en 1986 (pour plus d’informations)