Trois Européens sur quatre n’ont pas accès à la 4G et l’Europe accuse un retard important par rapport aux Etats-Unis dans le haut débit mobile.

Adoptée dans les années 80, la norme GSM avait permis à l’Europe de prendre de l’avance en matière de téléphonie mobile par rapport aux Etats-Unis alors empêtrés dans différents systèmes. La dérégulation d’AT&T en 1984 avait sans doute libérée les télécommunications américaines d’une situation de monopole mais sa mise en œuvre a pris du temps.

Aujourd’hui, la situation est inversée et dans la course au haut débit mobile, les Etats-Unis sont désormais largement avancés dans l’implémentation de la 4G alors que l’Europe a pris du retard. Selon les derniers chiffres publiés par l’Union Européenne, trois personnes sur quatre n’ont pas accès à une connexion à un réseau mobile 4G/LTE dans leur ville ; quant aux zones rurales, la 4G y est pratiquement inexistante. Aux États-Unis, en revanche, plus de 90 % des gens ont accès à la 4G.

La 4G n’a atteint un stade de déploiement avancé qu’en Allemagne, en Estonie et en Suède alors qu’elle reste totalement inexistante dans trois États membres : Chypre, Irlande, Malte. Partout dans l’UE, les zones rurales sont pratiquement dépourvues de toute couverture 4G. Au niveau mondial, l’Europe compte à peine 5 % des connexions et abonnements 4G.

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Et la situation ne semble en voie de s’améliorer. «Dans l’UE, les réseaux sont au bord de l’effondrement, explique Neelie Kroes, vice-présidente de la Commission européenne. C’est le système tout entier qui est menacé d’écroulement si on ne met pas davantage de fréquences à la disposition de ces applications.»

La 4G est un des facteurs qui contribue à la compétitivité des pays, le retard de l’Europe (Bienvenue à l’économie numérique !) en la matière est donc inquiétant d’autant plus que la situation économique européenne actuelle n’est pas des plus florissantes. Face à cette situation, l’Union européenne veut jouer le rôle de catalyseur. Consciente de l’explosion de la demande pour les services de données, l’UE a mis à la disposition des services sans fil à grande vitesse et haut débit des quantités considérables de radiofréquences. Cependant, les fréquences sont actuellement attribuées au niveau national. Des problèmes survenus à ce niveau ont entraîné des retards dans le déroulement des procédures et l’octroi des autorisations, tandis que les opérateurs qui, à l’issue de procédures de vente aux enchères, avaient obtenu le droit de déployer des réseaux, manquent de liquidités pour ce faire.

En raison de cette situation, combinée à la fragmentation en 28 marchés nationaux, les opérateurs mobiles ne sont pas vraiment en mesure de mettre au point une stratégie des communications mobiles à l’échelle de l’Union. Par ailleurs, les prix qu’ils paient peuvent varier d’un facteur un à cinquante d’un État membre à l’autre. En moyenne, les droits d’utilisation du spectre sont près de quatre fois plus chers qu’aux États-Unis.

Face à cette situation, la Commission entend organiser une consultation sur une coordination beaucoup plus poussée de l’octroi de licences d’utilisation du spectre. Les opérateurs pourraient ainsi profiter d’économies d’échelle découlant du déploiement simultané de la 4G dans la même bande de fréquences dans plusieurs pays.

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Pour des services de téléphonie mobile identiques, les utilisateurs doivent payer un prix très variable d’un pays de l’Union européenne à l’autre. C’est pour les communications nationales sur réseau mobile que la plus grande différence de prix a été observée: leur tarif aux Pays-Bas équivaut à 774 % de celui en Lituanie. Ces écarts de prix ne s’expliquent pas par des différences de qualité ou de prix de revient des services, ni par des différences de pouvoir d’achat entre les États membres.