L’open source est une des alternatives qui permet aux entreprises de « desserrer l’étau financier des fournisseurs et de disposer de marges de manœuvre dans leurs négociations avec les éditeurs de logiciels.

Telle est l’idée centrale du rapport intitulé « L’open source, une alternative aux grands fournisseurs – Franchir le pas de l’open source » que vient de publier le Cigref. Sur le plan financier, l’open source a donc cette double fonction, de constituer des solutions de remplacement aux logiciels dits propriétaires et aussi de jouer un rôle de négociation vis-à-vis de ces derniers permettant à de jouer sur les prix.

Ce rapport fait écho à une communication dans laquelle la commission européenne marque une préférence explicite pour le logiciel libre (voir l’article). Il fait suite à un autre publié en juin dernier dans le Cigref dénonçait les pratiques abusives des grands éditeurs en position dominante (voir l’article). Le Cigref tirait le constat selon lesquels les relations se sont considérablement détériorées entre les grandes entreprises d’une part et les grands fournisseurs et éditeurs de logiciels d’autre part à cause de l’irruption de certaines technologies, dont le cloud, en raison « d’un comportement commercial plus mesuré des grands éditeurs, à une relation équilibrée et transparente (gagnant-gagnant) et à des partenariats d’innovation ». Une situation qui n’est pas propre à la France et en novembre, l’EuroCIO (association européenne à laquelle adhère le Cigref) révèlait les tendances structurantes de la relation entre entreprises et fournisseurs IT, dont elle dénonçait un certain nombre de pratiques irritantes qui se perpétuent.

Cette constatation s’appuyait sur les résultats de la 2° édition de l’enquête de satisfaction sur les relations fournisseurs, réalisée auprès des DSI européens (dont 20% de répondants membres du Cigref). Sans surprise indiquait l’EuroCIO, Microsoft, Oracle et SAP font partie des mauvais élèves, rejoints par Google dont les DSI européens dénoncent la gestion de la protection des données.

Une concentration de grands acteurs hégémoniques

Avec la transformation numérique, le périmètre d’intervention des SI ne cesse de s’élargir. Pour dégager des marges de manœuvre face à des budgets contraints, les entreprises se tournent vers leurs fournisseurs. Dans un contexte où l’innovation métier repose très largement sur les outils et services numériques, la relation des entreprises avec leurs fournisseurs apparaît cruciale au regard des enjeux de compétitivité, d’agilité et de performance.

Aujourd’hui, constate le Cigref, le marché logiciel est assez largement concentré sur quelques grands acteurs internationaux, essentiellement américains. Qui ont, le plus souvent, des objectifs de croissance de leur chiffre d’affaires insoutenables pour les entreprises et n’ont pas nécessairement de liens avec les besoins de celles-ci.

La concentration du marché autour de grands acteurs éditeurs rend les entreprises de plus en plus dépendantes de ces grands acteurs. « Il est urgent par conséquent de favoriser un écosystème alternatif dynamique et maîtrisable par les entreprises utilisatrices, commente Stéphane Rousseau, Pilote du groupe de travail, CIO Eiffage et administrateur Cigref. Dans les logiciels d’infrastructures, cet écosystème existe : c’est le monde de l’open source. Comparé au modèle traditionnel de l’édition de logiciels, qui montre les limites de sa pertinence, l’open source correspond davantage aux nouveaux codes de co-création, de production collaborative et d’open innovation. L’open source est devenu un composant incontournable d’une stratégie informatique. »

L’Open source : une alternative stratégique

Le choix de l’open source engendre bien évidemment des coûts. En effet, avant d’ajouter ces solutions au champ des alternatives possibles, les entreprises doivent acculturer les collaborateurs, leur présenter les spécificités de cet écosystème et mettre en place une gouvernance dans le choix des logiciels. Cela nécessite également, en interne ou par externalisation, une montée en compétence pour appréhender les jeux d’acteurs, ainsi que des ressources techniques pointues si l’entreprise souhaite développer certaines spécificités pour répondre à un besoin précis.

L’open source questionne les modes de la gestion des risques : les grands éditeurs sont des marques cautions, une assurance, un gage de sécurité pour le Comex. Cependant, des solutions existent dans le logiciel libre pour chaque risque identifié. De plus, les solutions open source répondent aux enjeux actuels : le time to market, l’agilité à l’échelle de l’entreprise et l’open innovation. Elles facilitent la collaboration et la mutualisation des développements logiciels. Les logiciels libres apportent également la pérennité, la sécurité, la souplesse avec des formats ouverts, une plus grande couverture de tests dans de multiples cas d’usage au sein des larges communautés et parfois une influence possible sur la roadmap (plan de développement). L’open source offre enfin un levier d’accroissement des compétences et d’attractivité des talents. L’open source est même parfois la condition pour attirer les jeunes générations. Autant d’avantages qui devraient faciliter selon le Cigref le choix du logiciel open source.


Principales recommandations du Cigref pour franchir le pas de l’open source

– Acculturer les collaborateurs à l’écosystème open source (caractéristiques clés de cet écosystème, inconvénients et avantages des logiciels open source, gestion des risques)

– Définir des critères d’analyse des logiciels open source, communs à toute l’entreprise et qui prennent en compte la prise de risque à long terme ; par exemple, la propriété intellectuelle, le type de licence, les communautés d’utilisateurs et de développeurs, etc.

– Établir une gouvernance au sein de l’entreprise dans le choix des logiciels ;

– Mettre en place un processus de choix des logiciels. Autrement dit, choisir dans toutes les solutions logicielles possibles le meilleur compromis entre :

le besoin métier. Les entreprises préconisent de définir le besoin fonctionnel auquel doit répondre le logiciel ;
le prix ;
le support possible.

Ce choix prend en compte le degré de dépendance à des solutions logicielles propriétaires des grands fournisseurs et la possibilité de mutualiser des développements. De la même façon, mettre en place un processus de choix du support du ou des logiciels