Sous le coup d’une enquête officielle pour pratiques anticoncurrentielles autour de Teams, Microsoft veut reprendre la main et officialise la séparation de Teams et de la suite Office dans l’espoir d’échapper – au moins en partie – aux fortes amendes anticipées.

La proposition était sur la table depuis quelque temps déjà. Nous en parlions dès le mois d’avril. Finalement Microsoft a préféré se montrer – quoique tardivement – proactive et annonce dissocier Teams de la suite Office désormais nommée Microsoft 365.

Cet été nous apprenions que l’autorité de la concurrence de l’Union européenne ouvrait une enquête officielle pour avoir enfreint les règles communautaires en liant la vente de son produit phare Teams à celle de son autre solution leader du marché, Microsoft 365.

Microsoft est un habitué des bundles, une démarche commerciale très américaine mais souvent perçue comme une vente liée et une tactique pour bloquer la concurrence. En une décennie, l’éditeur américain a accumulé plus de 2 milliards d’amendes pour de telles pratiques.

« Nous annonçons des changements proactifs qui, nous l’espérons, commenceront à répondre aux préoccupations européennes de manière significative, même si l’enquête de la Commission européenne se poursuit et que nous continuons de coopérer avec elle », explique Nanna-Louise Linde, vice-présidente de Microsoft chargée des affaires gouvernementales européennes, dans un billet de blog.

Une telle séparation entre Teams et le reste de la suite collaborative a déjà plusieurs fois été discutée avec l’UE mais l’autorité européenne ne trouvait pas les propositions tarifaires de Microsoft convaincantes.

Pour trancher le débat, Microsoft passe donc à l’action et annonce la commercialisation d’une version autonome de Teams pour 5 euros par mois ou 60 euros par mois.

Dans le même temps, les offres Microsoft 365 se réinventent pour ne plus proposer Teams intégré par défaut :

Ainsi les offres Microsoft 365 E3 et E5 n’intègreront désormais plus Teams qui devra être acquis séparément (l’abonnement EE passe de 37,70 € à 35,70 € et l’abonnement E5 passe de 59,70 à 57,70 €). Les clients actuels de ces abonnements vont devoir négocier des tarifs pour éviter de payer 3 € de plus qu’aujourd’hui pour conserver Teams et devront, quoiqu’il arrive, acquérir deux licences différentes.

Pour les abonnements TPE/PME que sont Microsoft 365 Business Basic, Standard et Premium, Microsoft proposera une version intégrant Teams (aux tarifs actuels) ainsi qu’une version dénuée de Teams (avec un prix mensuel réduit d’un euro pour la version Basic et de 2 € pour les versions Standard et Premium).

Le problème bien évidemment, c’est que le mal est déjà fait. Teams a déjà rafflé de grosses parts de marché et s’est installé dans le quotidien de bien des collaborateurs.
D’ailleurs, cette manœuvre tardive a peu de chance d’éviter à Microsoft une amende mais démontre une volonté de faire profil bas avec le doux espoir d’amoindrir la sentence.

Parallèlement, on notera que Microsoft a également rétropédalé sur une autre pratique peu recommandable quoique peu médiatisée : dans les dernières versions « Insider » de Windows, toute ouverture de liens Web depuis une application ou une fonction système entraînait systématiquement l’ouverture de la page sous Edge plutôt que sous le navigateur Web défini par défaut par l’utilisateur.
Avant que l’UE là encore ne s’en émeuve, Microsoft annonce changer son fusil d’épaule (mais que pour les installations européennes de Windows) en revenant à l’ancien comportement de sorte que l’ouverture d’un lien se fasse sur le navigateur Web préféré de l’utilisateur.

Des concessions pour les européens bienvenues mais qui ne devrait pas attendrir la Commission européenne qui a tout intérêt à maintenir sa pression pour s’assurer que Microsoft, au moins sur le marché européen, cesse ses ancestrales pratiques de bundles forcés et de favorisation espiègle de ses propres services et outils au détriment de la concurrence.

 

À lire également :

La commission européenne enquête officiellement sur Microsoft et Teams

Microsoft ne devrait pas échapper à une procédure de l’Europe sur Teams

Teams accueille ses fonds d’écran animés

Microsoft envisage de sortir Teams du bundle Office pour éviter l’enquête de l’UE

Un nouveau Teams deux fois plus rapide

Les avatars 3D arrivent dans Teams… en mai