Toujours en pleine enquête préliminaire autour des pratiques de Microsoft sur le Cloud, l’Europe serait sur le point de lancer une procédure antitrust officielle contre l’éditeur autour de Teams et son intégration à Office/Microsoft 365.

Les Américains adorent les bundles, cette forme d’obésité fonctionnelle qui consiste à regrouper plusieurs produits en un même si l’utilisateur n’exploitera qu’une partie du tout. Mais la frontière entre le bundle et la vente liée pour verrouiller un marché est fine. Et Microsoft a maintes fois, dans son existence, franchi les frontières du « toléré » ou du « tolérable ». Comme dans les années 90, la firme se retrouve scrutée par la FTC et par la Commission européenne pour des pratiques anticoncurrentielles.

Il y a quelques semaines, on apprenait que Microsoft envisageait de sortir Teams du bundle « Microsoft 365 » dans le but d’éviter une procédure antitrust formelle de l’Europe après différentes plaintes notamment de Slack mais aussi d’acteurs du cloud.

Dans la pratique, il semble en réalité que Microsoft ait plutôt proposé de commercialiser des versions de Microsoft 365 et d’Office dépourvues de Teams en plus du Bundle classique. Ces versions « sans Teams » étant proposées à un prix inférieur. Mais la Commission européenne n’a pas été convaincue par les propositions de l’éditeur. Selon Reuters, elle serait donc sur le point de déclencher une procédure officielle dans les prochaines semaines. Selon Microsoft, les négociations restent cependant ouvertes et des solutions pragmatiques sont encore possibles.

Le problème pour Microsoft, c’est que ses pratiques de Bundles sont désormais ciblées de toutes parts. Outre l’affaire Teams, il y a l’affaire OneDrive bundlé avec Windows (et portée devant la Commission Européenne par Nextcloud), l’affaire des coûts supplémentaires rattachés à l’utilisation de Windows Server et des applications Windows d’Office 365 dans les clouds (portée par OVHCloud notamment), ou encore les pratiques de Lock-In et anticoncurrentielles d’Azure (portée par le CISPE).

Pour ne rien arranger, Microsoft (tout comme Alphabet/Google, Amazon, Apple, ByteDance ‘TikTok’, Meta ‘Facebook’ et Samsung) a dû notifier la Commission Européenne qu’elle répondait aux critères de « Gatekeepers » (contrôleurs d’accès) du DMA (Digital Market Act) et doit donc désormais se conformer aux nouvelles règles définies par l’UE d’ici mars 2024. Le DMA interdit notamment à ces entreprises « Gatekeepers » de favoriser leurs propres services aux dépens de ceux des concurrents, d’empêcher la suppression d’apps préinstallées, d’imposer un App Store exclusif, d’enfermer leurs utilisateurs dans leur écosystème, de verrouiller les apps de communication. En outre les activités des entreprises « Gatekeepers » seront surveillées de très près par la Commission européenne… Ce qui apparemment ne changera pas de l’habitude pour Microsoft…

 

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