Microsoft veut faire amende honorable et infléchir sa politique de bundles et licences croisées. C’est son président, Brad Smith qui l’affirme. Reste à passer à l’acte et ne pas se contenter d’une posture alors que la firme américaine cumule les plaintes d’acteurs européens du cloud à son encontre …
Le président de Microsoft, Brad Smith, ne prend la plume que pour de grands sujets comme ceux sur l’impact environnemental du numérique, les devoirs sociétaux des géants internationaux, les conséquences des tensions géopolitiques…
Et s’il a repris la plume aujourd’hui, c’est pour tenter de répondre aux critiques de plusieurs fournisseurs de services cloud européens (dont OVHcloud et NextCloud) qui ont porté plainte auprès de l’Union Européenne pour pratiques anti-concurrentielles. Des plaintes qui ont même amené la Commission européenne à lancer en avril dernier une enquête sur les pratiques Cloud du géant américain.
Il explique en substance que « bien que toutes ces revendications ne soient pas valables, certaines le sont, et nous allons absolument apporter des changements prochainement pour y répondre. En tant que grand fournisseur de technologies, nous reconnaissons notre responsabilité, notre devoir de soutenir un environnement concurrentiel sain, et le rôle que jouent les fournisseurs locaux de confiance pour répondre aux besoins technologiques des clients. »
Brad Smith reconnaît même que « au cours des dernières années, l’accent mis sur la concurrence avec les plus grands fournisseurs de technologies (NDLR : Amazon et Google) nous a amenés à ne pas être assez attentifs à l’impact de celle-ci sur nos partenaires fournisseurs de cloud. Nous allons apporter des changements pour remédier à cela, et ceci dès aujourd’hui ».
Microsoft a ainsi défini 5 principes Cloud européens. Ces derniers doivent désormais dicter tous les aspects de son business cloud, améliorer la transparence et contribuer à un meilleur soutien des besoins propres à l’Europe :
1 – Nous veillerons à ce que notre cloud public réponde aux besoins de l’Europe et soutienne ses valeurs.
2 – Nous veillerons à ce que notre cloud fournisse une plateforme pour le succès des développeurs de logiciels européens.
3 – Nous nous associerons à des fournisseurs de clouds européens et les soutiendrons.
4 – Nous fournirons des offres de cloud qui répondent aux besoins souverains des gouvernements européens en partenariat avec des fournisseurs de technologie locaux de confiance.
5 – Nous reconnaissons que les gouvernements européens réglementent la technologie et nous nous adapterons à ces efforts et les soutiendrons.
Des bonnes paroles qui doivent s’accompagner d’actes que la Commission européenne ne manquera pas de surveiller de près.
Tout d’abord, Microsoft promet de permettre à davantage de fournisseurs cloud européens d’héberger ses solutions à commencer par Microsoft 365 bien sûr mais aussi Windows 11 à travers des solutions DaaS.
Ensuite Brad Smith affirme avoir entendu les griefs du Cigref. « Lors de récentes réunions à travers l’Europe, nous avons entendu des demandes de simplification de nos licences, et nous avons donc examiné et apporterons des changements inspirés en partie par les principes de licence de logiciels équitables créés par deux organisations européennes de premier plan, le CIGREF et la CISPE ».
Microsoft promet des licences plus simples, plus claires et plus transparentes en termes de coûts.
L’éditeur promet aussi de revoir sa « Software Assurance » pour permettre une transposition des licences sur site vers le cloud. « Nous allons étendre la Software Assurance » pour permettre aux clients d’utiliser leurs licences sur n’importe quel fournisseur de cloud européen fournissant des services dans leurs propres centres de données, de la même manière qu’ils peuvent le faire sur Azure aujourd’hui, que le matériel soit dédié ou multi-tenant » affirme Brad Smith.
Enfin, Microsoft promet d’assouplir ses licences Windows Server pour permettre leur utilisation dans les environnements virtuels et cloud
Autre annonce phare, Microsoft va créer une équipe support dédiée aux clouds européens et promet d’être beaucoup plus à l’écoute des demandes des fournisseurs de services cloud européens. L’éditeur promet aussi de mettre en place de nouveaux mécanismes pour permettre aux fournisseurs de cloud européens d’exploiter ses technologies dans le cadre de « solutions souveraines » comme dans le cas de l’accord Blue avec Orange et Capgemini.
Même si toutes ces annonces montrent une volonté d’aller dans le bon sens, il est peu probable qu’elles suffisent à calmer les acteurs qui lui reprochent de systématiquement bundler ses solutions à ses services Cloud. Il est peu probable aussi qu’elles suffisent à satisfaire la Commission européenne dont l’enquête ne fait que commencer.
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