D’un côté l’UE donne son accord sous conditions au rachat d’Activision par Microsoft pour ce qui est l’un des plus gros deals de l’histoire de la Tech. De l’autre, l’Europe lance une enquête sur les pratiques commerciales de Microsoft Azure dénoncées comme anticoncurrentielles par plusieurs acteurs.

Pour Microsoft, les bonnes nouvelles ne viennent pas par deux. Question d’équilibre sans doute. L’Union européenne vient en effet de souffler à la fois le chaud et le froid sur les activités du groupe américain.

On s’en souvient, en janvier 2022, Microsoft annonçait son intention de racheter le géant des jeux vidéos Activision Blizzard. Coût de l’opération, 69 milliards de dollars ! C’est tout simplement le plus gros deal de l’histoire de la Tech. Et l’UE vient de l’approuver… sous conditions…

Pour rappel, si bien des studios de jeux vidéo ont plutôt vu ce rapprochement d’un bon œil, Sony s’est levé vent debout contre cette acquisition faisant valoir les risques de voir certaines des licences les plus populaires du marché ne plus être disponibles sur ses consoles. Microsoft a pris des engagements et signé de très nombreux partenariats pour garantir la disponibilité des licences phares d’Activision sur les consoles de Nintendo et les services de cloud gaming. Mais Sony n’a jusqu’ici rien signé et préféré faire valoir ses arguments face aux organismes de régulation du marché.

Un OK de l’Europe pour le rachat…

Des organismes qui prennent le temps d’analyser ce méga deal. Il y a trois semaines, alors que tous les feux semblaient au vert, la CMA britannique se prononçait contre le deal n’y voyant certes pas une menace pour Sony mais bien plus une menace pour le secteur naissant du Cloud Gaming pour l’instant porté en Europe par des acteurs de moindre importance. Microsoft a immédiatement fait appel. Ce dernier n’avait cependant aucune chance d’aboutir si l’UE de son côté confortait les positions britanniques.

Ce n’est donc pas le cas. Ce Lundi 15 mai 2023, la Commission européenne a approuvé le projet d’acquisition, sous réserve que Microsoft respecte des engagements visant à garantir la concurrence sur le marché des jeux dématérialisés accessibles en streaming (cloud gaming). Une réserve qui va se traduire par la création d’un bureau chargé de vérifier que Microsoft respecte les réserves émises et tient bien ses engagements, notamment l’accord automatique de licences pour les principaux jeux Activision Blizzard aux services concurrents.

Alors que la CMA voit un risque majeur, l’UE voit dans ce rachat une amélioration de la situation actuelle du Cloud Gaming et une opportunité pour les joueurs européens d’accéder plus facilement, sur plus de terminaux, à un vaste catalogue de jeux.

Pour Microsoft, cette autorisation européenne était capitale, non seulement pour poursuivre le rachat mais aussi pour espérer avoir la moindre chance de remporter son appel face à la CMA.

Une enquête sur le Cloud qui s’intensifie

Reste que le feu vert de l’UE ne suffit pas. Le rachat reste soumis, outre la CMA, à plusieurs obstacles réglementaires et juridiques à commencer par la FTC qui a lancé une action en justice pour bloquer le rachat, estimant qu’il nuirait à l’innovation… et à Sony.

Malgré ce soutien dans l’univers du jeu vidéo, Microsoft reste plus que jamais dans le collimateur de Bruxelles autour de ses outils bureautiques et plus encore du Cloud. Depuis la fin 2022, l’UE a lancé une enquête sur les pratiques commerciales de Microsoft autour d’Azure et sa tendance à bundler ses services. L’enquête fait suite à une série de plaintes émises par le CISPE et par différents groupes européens dont OVHcloud. Microsoft a déjà tenté d’éteindre l’incendie en faisant évoluer ses conditions de portabilité des licences. Mais cela n’a pas suffi. Les enquêteurs soupçonnent notamment Microsoft d’utiliser des informations confidentielles sur les clients de ses concurrents pour pratiquer des offres au rabais et tenter d’évincer les concurrents de certains marchés.

Différentes sources confirment que la Commission européenne a bien envoyé une série de courriers à des concurrents et clients pour obtenir plus d’information. Ils avaient jusqu’au 16 mai pour répondre mais surtout la demande européenne leur donnait jusqu’à la fin du mois pour produire une version expurgée de toutes données confidentielles ou stratégiques de leur réponse. Et ce deuxième élément tend à confirmer que l’UE serait bien sur le point de lancer une enquête plus formelle pouvant conduire à des pénalités qui pourraient être lourdes.

A suivre…

 

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