Le retour au bureau est une priorité de bien des entreprises et organisations en ce premier semestre 2022. Mais une étude Future Forum / Slack montre que des politiques de retour strictes affectent négativement l’expérience collaborateur. De quoi instaurer un climat de plus en plus conflictuel dans l’entreprise d’autant que se dessinent des différences de traitement injustes entre cadres et non-cadres…

L’Expérience « Employés », l’EX, est au cœur des préoccupations RH et de la digitalisation des processus RH. Ce concept a pris une importance nouvelle avec la pandémie, le besoin de gérer des collaborateurs à distance et l’arrivée de solutions EX chez des acteurs phares à l’instar de Microsoft Viva ou Oracle Journeys.

Une nouvelle étude du consortium Future Forum (formé par Slack avec Boston Consulting Group, MillerKnoll et MLT) met en lumière comment la politique actuelle des entreprises de revoir leurs employés au bureau affecte cette « expérience collaborateur ».

Notons que l’étude porte sur uniquement sur des métiers compatibles avec un travail à distance. Elle s’appuie sur une enquête auprès de 10 818 salariés : direction générale, cadre supérieur, cadre intermédiaire, cadre junior, personnel senior, employé de bureau qualifié et autres salariés travaillant avec des données ou exerçant un métier créatif.

Le travail hybride s’impose en France

À l’échelon mondial, plus d’un tiers (34%) des salariés a renoué avec un travail 100% en présentiel. En France, ce taux atteint 35,3%. Un chiffre qui démontre que le travail hybride a trouvé sa place, tout au moins pour le moment, dans notre pays. 59,9% des employés Français interrogés se considèrent en effet en situation hybride avec un nombre de jours télétravaillés assez variable d’une entreprise à l’autre.

Cependant, de tous les pays intégrés dans l’étude (USA, France, Allemagne, Royaume-Uni, Japon, Australie), la France est le pays qui affiche le plus faible taux de salariés restés 100% en télétravail : 7,9% (contre 23,3% pour l’Australie, 26,1% pour les USA, 21% pour UK ou encore 12 ,5% pour nos voisins allemands).

Un retour au bureau conflictuel - Le travail hybride semble s'imposer en France

L’étude note cependant des disparités qui ne sont pas surprenantes mais démontrent que les mentalités n’ont pas nécessairement beaucoup évolué :

– Les employés non-cadres sont 2 fois plus susceptibles que les cadres de travailler au bureau cinq jours par semaine. Ils sont par ailleurs soumis à une pression beaucoup plus forte de leur hiérarchie lorsqu’il s’agit de « retourner au bureau ».

Les scores de satisfaction des non-cadres en matière d’équilibre entre vie professionnelle et vie privée sont inférieurs de 40% à ceux de leurs supérieurs, et ont baissé 5 fois plus vite que ceux des cadres au cours du dernier trimestre. Les non-cadres font également état d’un niveau de stress et d’anxiété plus de deux fois supérieur à celui des cadres.

Il se dessine donc une nouvelle injustice : de nombreux cadres continuent à travailler de manière flexible, tandis que la flexibilité qui apporte équilibre et confort, a été retirée aux non-cadres.

Le retour du stress… avant celui de la colère ?

Future Forum réalise son étude depuis le début de la pandémie. Et l’édition 2022 montre que le retour au travail s’accompagne des plus hauts niveaux de stress et d’anxiété enregistrés par le consortium depuis 2020.

L’une des raisons de ce stress découle des écarts entre les pratiques des entreprises et les aspirations des salariés.

D’autant que les salariés français aspirent plus que les autres à une flexibilité aussi bien des lieux que des horaires de travail :

– Plus de 23% des Français aspirent à une totale flexibilité du lieu de travail (contre 21% à l’échelon mondial)

– Plus de 33% des salariés français interrogés aspirent à flexibilité illimitée de leurs horaires de travail (contre 26% à l’échelon mondial)

Un retour au bureau conflictuel - Un désir de flexibilité très fort

Les données indiquent que la majorité des salariés qui ont dû retourner au bureau 5 jours par semaine l’ont fait à contrecœur : 55% d’entre eux indiquent qu’ils préféreraient bénéficier de flexibilité au moins une partie du temps.

Ces tendances expliquent que le ressenti des salariés français ait chuté à des niveaux presque record, avec notamment une dégradation de 28% des indicateurs concernant le stress et l’anxiété liés au travail et une baisse de 17% des résultats concernant l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée (par rapport au trimestre précédent).

D’une manière générale, le retour généralisé sur le lieu de travail avec des horaires non flexibles influe négativement sur le bien-être des employés et leur fidélité. Selon l’étude, les salariés qui ne disposent pas de flexibilité dans leurs horaires professionnels enregistrent :

– Un sentiment de stress et d’anxiété 2,2 fois plus élevé

– Un équilibre entre vie professionnelle et vie privée 1,7 fois moins bon

– Un surmenage professionnel 1,4 fois plus important

Pour les rapporteurs, tous ces signes montrent que les dirigeants risquent de rapidement subir une vague de mécontentement qui se traduira par des départs qui pourraient être massifs : les salariés qui indiquent être mécontents du manque de flexibilité quant à leurs lieux et horaires de travail sont 3 fois plus susceptibles de chercher un nouvel emploi au cours de l’année à venir.

Un retour au bureau conflictuel - La colère gronde et le désir d'aller voir ailleurs enfle...

« Les salariés ont clairement prouvé qu’ils pouvaient accomplir leur travail tout en bénéficiant d’une certaine flexibilité dans leur vie professionnelle. Si les dirigeants leur retirent cette flexibilité, ou reportent à plus tard les décisions cruciales quant aux modalités de travail à venir pour leurs équipes, ils s’exposent à une vague de départs » estime Deborah Lovich, Directrice en gestion et partenaire senior, Boston Consulting Group.

De son côté Brian Elliott, directeur exécutif du Future Forum, encourage les dirigeants d’entreprises à « œuvrer à rassembler leurs équipes autour d’un objectif commun et donner l’exemple. Vous obtiendrez de meilleurs résultats et vos salariés seront plus épanouis si vous leur offrez la possibilité de travailler où, et quand, cela leur convient le mieux ».

 


 

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