La startup phare de l’IA dans la French Tech réalise à nouveau un « méga » tour de table. Créée il y a à peine un an, la jeune pousse française est déjà valorisée à 6 milliards d’euros.
Qu’est-ce qui monte vers les cieux plus vite que le Starship de SpaceX ? Mistral AI ! La startup française a à peine un an au compteur. Et sa progression est stratosphérique. Elle a commencé par lever 105 millions d’euros après seulement quelques semaines d’existence et sans produit. En décembre dernier, elle levait 385 millions d’euros la propulsant en quelques mois au rang de licorne avec une valorisation de 2 milliards de dollars.
Et voilà que six mois plus tard, Mistral AI annonce une nouvelle levée de fonds exceptionnelle de 600 millions d’euros (640 millions de dollars) qui propulse sa valorisation à près de 6 milliards d’euros ! Dit autrement, en 12 mois, la jeune pousse française aura levé 1 milliard d’euros.
Peut-être plus étonnant encore, les trois fondateurs (Timothée Lacroix, Guillaume Lample et Arthur Mensch) conservent encore le contrôle de leur société.
Ce troisième tour de table, mené par General Catalyst et les précédents investisseurs (LightSpeed, Andreessen Horowitz, BPI France, BNP Paribas) intervient alors que les modèles open source de Mistral AI sont désormais bien implantés dans le paysage (notamment dans les plateformes comme Hugging-Face ou sur La Plateforme de Mistral AI) et que ses modèles « commerciaux » Mistral Large et Mistral Small sont disponibles sur les clouds Azure et AWS (BedRock) en plus de sa propre plateforme. En outre, Mistral AI commercialise également une IA conversationnelle concurrente de ChatGPT avec Mistral Le Chat.
Cette levée de fonds doit permettre à Mistral AI d’investir dans l’acquisition de ressources de calcul mais aussi d’accroître sa présence internationale et faire connaître ses modèles et services.
« Quand nous avons commencé, on nous a expliqué… que ce marché ne serait jamais perturbé », a expliqué Arthur Mensch, directeur général de Mistral, au Financial Times. « Nous avons montré que ce n’était pas le cas et nous avons effectivement perturbé le modèle économique d’OpenAI. »
La startup, qui compte aujourd’hui 60 employés dont 40 en France, est souvent saluée pour son excellence opérationnelle avec une étonnante capacité à créer des grands modèles capables de concurrencer ceux d’OpenAI ou Anthropics pour une fraction des dépenses réalisées par ses concurrents. Selon les propos d’Arthur Mensch rapportés par le Financial Times, Mistral aurait dépensé « environ deux douzaines de millions d’euros » pour entraîner ses modèles.
En outre, cette levée de fonds intervient une semaine après l’annonce d’une importante évolution des modèles de Mistral AI pour les entreprises. La startup a en effet lancé il y a quelques jours la personnalisation des modèles au sein de sa plateforme « La Plateforme ». Mistral AI a non seulement publié un SDK en open source (pour ‘fine tuner’ les modèles en mode on-premises) mais également enrichit sa plateforme de services de « Fine Tuning » conviviaux. Grâce à ces mécanismes de personnalisation, les entreprises peuvent facilement adapter les modèles Mistral Small et Mistral 7B à leurs propres besoins sans avoir besoin d’expertise en la matière. En outre, Mistral AI propose des services de formation personnalisés.
Reste à savoir si avec des investissements aussi importants venus des USA, la startup peut demeurer française. Le 22 mai dernier, convoqué par la commission des affaires économiques du Sénat, Arthur Mensch affirmait « 75% du capital est français, le comité stratégique est sous contrôle des fondateurs, donc d’un point de vue de la gouvernance, nous sommes complètement français” tour en regrettant l’absence de fonds stratégiques européens de plusieurs centaines de milliards d’euros et un certain nombre de freins français et européens qui handicapent les jeunes pousses françaises.