Les députés européens viennent d’adopter très largement un texte préliminaire redéfinissant le cycle de vie des batteries en Europe. Parmi les mesures phares, imposer le retour des batteries amovibles sur tous les appareils mobiles… Et ceci dès 2024. Reste à en faire une réglementation.

Ne soyons pas mesquins. Non, ce n’est pas d’abord pour pratiquer une obsolescence programmée qui sert leur business que les constructeurs de Smartphones intègrent des batteries inamovibles au cœur des smartphones, tablettes, et PC ultramobiles. C’est d’abord pour des questions de finesse de design et de coûts de fabrication voire de sécurité et même de procédures de recyclage.

Mais, les batteries ayant une durée de vie plus limitée que tous les autres composants de nos appareils mobiles, cette intégration totale limite la durée de vie de ces derniers et ne simplifie pas le marché de la seconde main.

Et cette situation n’est pas tenable en termes d’écoresponsabilité pour l’Union Européenne. Cette semaine, les députés européens ont adopté par 584 voix pour (67 contre et 40 abstentions), un texte qui définit « un cadre holistique de règles régissant l’ensemble du cycle de vie d’un produit, de la conception à la fin de vie ». Ils ont même durci le texte en imposant la réintroduction des batteries amovibles dans les appareils mobiles.

Ainsi, d’ici à 2024, « les batteries portables utilisées dans les appareils tels que les smartphones, et les batteries LMT devront être conçues pour que les consommateurs et les opérateurs indépendants puissent les enlever eux-mêmes de leurs dispositifs en toute simplicité et sans aucun danger ».

Dit autrement, et si le texte reste en l’état dans la future règlementation européenne sur les batteries, les constructeurs de smartphones, tablettes et ordinateurs portables doivent dès à présent réimaginer le design de leurs futurs appareils pour que ces derniers embarquent désormais des batteries amovibles. Cela s’inscrit dans la logique d’améliorer la réparabilité des appareils électroniques voulue par l’Union Européenne et de mieux contrôler les impacts écologiques de la fabrication et de la fin de vie des batteries. Le tout s’inscrit dans une volonté plus vaste de voir l’Europe retrouver une certaine souveraineté dans la fabrication de ces indispensables composants du monde moderne.

Le texte précise également que « tous les opérateurs économiques qui placent des batteries sur le marché de l’UE doivent respecter les exigences visant à gérer les risques associés à l’approvisionnement en matières premières, en substances chimiques et en matières premières secondaires ainsi qu’à la transformation et au commerce de ces matières et substances, qui sont souvent concentrées dans un ou quelques pays ».

Enfin, ce texte définit des objectifs stricts et contraignants en matière de collecte de déchets pour les batteries portables : 70% d’ici 2025 et 80% d’ici 2030. Il introduit des taux de collecte minimaux pour les batteries destinées aux moyens de transport légers (vélos et trottinettes électriques) : 75% d’ici 2025 et 85% d’ici 2030. Tous les déchets de batteries automobiles, de batteries industrielles et de batteries de véhicules électriques devront être impérativement collectés.

Pour l’instant ce texte n’a pas valeur de loi. Il sert de base de négociation avec les gouvernements de l’UE pour la définition d’une nouvelle législation sur les batteries, leur fabrication, leur distribution, leur usage et leur recyclage en Europe.

Reste à savoir si l’Union Européenne réussira à passer à l’acte. En 2017, les USA avaient déjà élaboré un projet similaire pour obliger les constructeurs à adopter dès 2019 des batteries amovibles. Le texte est jusqu’ici resté coincé au fond d’un tiroir. Espérons qu’il n’en sera pas de même pour le texte européen.


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