Entre l’essor de l’IA générative et la pression des objectifs climatiques, les datacenters se retrouvent au cœur d’une équation complexe. Comment concevoir des infrastructures capables de soutenir l’économie numérique tout en minimisant leur impact environnemental et en respectant nos objectifs environnementaux  ?

L’essor de l’intelligence artificielle transforme radicalement le paysage technologique et industriel. Si l’IA générative offre d’impressionnantes opportunités de révolutionner nos méthodes de travail, ses besoins en puissance informatique ont rebattu les cartes de l’impact carbone du numérique. À tel point que le développement de ces technologies met à mal les ambitions environnementales des grands acteurs de la Tech, qui voient s’éloigner leurs objectifs de neutralité carbone. Les entreprises font donc face à un impératif : allier usage de l’IA et sobriété numérique.

Cette problématique doit trouver sa réponse dans la colonne vertébrale des infrastructures IT: le datacenter. Comment concevoir le datacenter de demain, capable d’affronter les défis d’une économie numérique à l’ère d’une IA aussi bénéfique qu’énergivore ?

Besoins énergétiques : mieux vaut prévenir que guérir

L’économie numérique exige des capacités de traitement toujours plus importantes. Ainsi, IDC anticipe une augmentation de 16% des besoins en électricité dans les datacenters d’ici 2027, un phénomène exacerbé par l’adoption massive de l’IA et du machine learning. En effet, une simple requête sur ChatGPT nécessite près de 10 fois plus d’électricité qu’une recherche Google.

Alors que les centres de données ont maintenu une consommation énergétique stable pendant des années, Goldman Sachs Research estime désormais que leur demande en énergie augmentera de 160% d’ici 2030. Face à ce constat, les acteurs du secteur doivent redoubler d’efforts pour alimenter les infrastructures vitales à l’économie numérique de la manière la plus vertueuse possible..

Vers des acteurs de la Tech producteurs d’énergie ?

Avec des nombreuses industries encore engagées dans leur transformation digitale et une croissance exponentielle des usages numériques au sein de la population française, la consommation digitale devrait poursuivre sa croissance, entrainant avec elle la nécessité d’héberger toujours plus de données au sein de centres de données qui en sont le réceptacle.

Les géants du numérique intensifient alors leurs efforts pour répondre à ces besoins croissants et poursuivre leurs objectifs de réduction d’empreinte carbone. Diverses initiatives émergent : Oracle explore l’utilisation de petits réacteurs nucléaires modulaires, tandis que Google, Amazon et Microsoft s’orientent vers la géothermie et l’énergie nucléaire traditionnelle via des partenariats stratégiques.

La signature de PPA (Power Purchase Agreements) constitue également une solution prometteuse, facilitant la construction de parcs d’énergies renouvelables qui alimentent non seulement les centres de données, mais contribuent aussi à alimenter les réseaux de distribution d’énergie locaux. Par ailleurs, des projets de récupération de la chaleur fatale émise par les sites au profit des réseaux de chaleur des communes hôtes se multiplient. Des incitatives qui sont à reproduire autant que faire se peut pour atténuer l’impact carbone du numérique au niveau local et global.

Mais au-delà de l’approvisionnement en énergie, c’est également l’infrastructure informatique qu’il faut repenser pour gagner en efficience énergétique.

Repenser l’infrastructure informatique pour plus d’efficience énergétique

L’analyse de bases de données toujours plus volumineuses et l’avènement du calcul de haute performance (HPC) à l’ère de l’IA mettent les serveurs en surchauffe. Les processeurs dernière génération, bien que plus puissants, présentent une densité accrue générant une chaleur nettement supérieure à celle observée auparavant. Les serveurs et le système de refroidissement englobent plus de 80% de la quantité totale d’électricité consommée par le Data Center. Face à ce défi, le refroidissement liquide à circuit fermé (Direct Liquid Cooling ou DLC) s’impose comme une solution clé. Contrairement au refroidissement par air traditionnel, très énergivore, cette technologie permet un transfert de chaleur plus efficace et des densités de calcul jusqu’à dix fois supérieures sans risque de surchauffe. Les entreprises peuvent ainsi réaliser des économies d’énergie globales d’environ 30%, réduisant significativement leur empreinte carbone et leurs coûts opérationnels.

Cette efficacité énergétique accrue crée un cercle vertueux : en diminuant les besoins en refroidissement, les entreprises réduisent leurs dépenses de maintenance et de gestion des infrastructures. De plus, la meilleure gestion thermique limite le recours à des solutions énergivores comme les climatiseurs industriels, contribuant davantage à la réduction de l’impact environnemental global.

L’essor de l’IA induit une croissance exponentielle de l’économie numérique et donc des centres de données. C’est toute une industrie qui est confrontée à l’absolue nécessité de rendre ces infrastructures moins énergivores dès aujourd’hui pour bâtir une croissance véritablement durable.
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Par Pascal Mouysset, Senior Director | Global Specialty Sales France chez Dell Technologies

 

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