Le rachat de VMware par Broadcom a tiré en longueur. Mais depuis qu’il est effectif, tout se bouscule. Bouleversements internes, chamboulement des licences, réorientations stratégiques, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il y a du mouvement.
On se doutait bien que l’acquisition de VMware par Broadcom n’allait pas se faire en douceur. Et c’est bien ce qui inquiétait les employés de l’éditeur comme les DSI clientes. Mais autant l’attente des autorisations administratives a été longue, autant chacun commence à bien entrevoir à quelle sauce il va être mangé.
Les bouleversements sont d’abord internes. Nous avons déjà évoqué la restructuration de VMware en 4 divisions Broadcom. Mais, les employés sont aussi en train de découvrir ce qu’une telle acquisition signifie. Dans le cadre des changements en cours, l’éditeur devrait voir ses effectifs se réduire de plus 2 800 postes supprimés d’ici fin janvier 2024. Et ceux qui ne sont pas sur le départ découvrent que les règles de travail chez Broadcom sont bien différentes. À Palo Alto, les employés habitués au travail hybride sont désormais tenus de travailler sur place s’ils habitent à moins de 80 km.
Cession de tout ce qui n’est pas lié à la plateforme cloud hybride
Par ailleurs, les bouleversements se ressentent aussi du côté des DSI clientes. Le patron de Broadcom, Hock Tan, vient en effet de livrer sa vision plus en détail : « Nous sommes en train de recentrer VMware sur son cœur de métier, à savoir la création d’environnements de cloud privés et hybrides pour les grandes entreprises mondiales, et de céder les actifs non essentiels. »
Il a confirmé que les solutions de sécurité Black Carbon avaient été transférées dans une division séparée destinée à être revendue rapidement. Les solutions « end user » de VMware dont VMware Workstation et VMware Fusion vont également être cédées. Et il semble que cela soit aussi la destinée de VMware Workspace ONE et VMware Horizon.
Des cessions qui ne seront pas si évidentes tant ces solutions dépendent parfois très intrinsèquement de l’hyperviseur ESXi voire de vSphere. Hock Tan semble en avoir parfaitement conscience puisqu’il a pris le soin d’expliquer « nous allons être très vigilants sur là où ces actifs vont atterrir, tout simplement parce que les clients de ces actifs … sont également les mêmes clients que ceux de la VMware Cloud Foundation ».
Tout pour Cloud Foundation et les clients grandes entreprises
Pour Hock Tan, tous les efforts doivent désormais se concentrer sur « VMware Cloud Foundation » qui ne doit plus être perçue comme un ensemble de briques dans lequel on peut venir picorer ce qui nous intéresse mais comme un tout cohérent… vendu comme un tout !
Ainsi Broadcom simplifie le portfolio de VMware pour le recentrer autour de deux produits :
– vSphere Foundation (avec les produits Aria).
– Cloud Foundation (pour avoir une offre cloud hybride complète présentée sous forme d’une suite).
La fin des licences perpétuelles
Par ailleurs, Broadcom a annoncé la fin immédiate de la commercialisation des licences perpétuelles. Désormais, seules les offres sous abonnement sont commercialisées avec comme objectif de basculer d’ici 2024 tous les clients sur ces licences par abonnement. Les contrats de support qui accompagnaient les offres perpétuelles passent aussi à la trappe pour mieux encourager les clients à basculer en abonnement (avec support inclus).
L’opération n’est pas forcément une surprise. Les acteurs du logiciel ont tous plus ou moins basculé sur des modèles sur abonnement et le concurrent Nutanix a basculé sur un tel mode depuis plusieurs années déjà. L’abonnement n’est d’ailleurs pas une nouveauté chez VMware mais il n’était pas majoritaire chez ses clients (60% préférant les licences perpétuelles). Désormais, tous devront rapidement basculer sur ce mode de fonctionnement.
De quoi énerver certains clients et inquiéter les partenaires. Mais certainement le meilleur moyen de satisfaire le principal objectif de Broadcom concernant sa nouvelle division : faire croître l’EBITDA (bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement) de 4,7 milliards de dollars à environ 8,5 milliards de dollars en trois ans…