Sans surprise, Apple a fait son entrée dans l’arène de l’IA générative en s’appuyant sur ce que le constructeur sait faire le mieux : soigner les expériences utilisateur. Mais les Européens devront attendre jusqu’en 2025 pour bénéficier de cette « AI », Apple Intelligence.
Cette fois ça y est. Apple est un acteur de l’IA au même titre que tous les autres acteurs de la Tech. Avec un an de retard sur la concurrence mais avec une vision finalement plus aboutie, servie par une intégration soignée aux cœurs de ses systèmes et des expériences utilisateur.
Sous l’appellation Apple Intelligence se masque en effet bien plus des expériences intelligentes que des modèles révolutionnaires. Apple Intelligence regroupe sous un même nom un vaste ensemble de modèles génératifs exécutés en local, de modèles génératifs dans le cloud Apple, de nouvelles capacités intelligentes, une profonde connaissance du contexte personnel de l’utilisateur, et un soin tout particulier apporté au respect de la vie privée.
Une IA plus proche de vous
« Apple Intelligence va transformer ce que les utilisateurs peuvent faire avec nos produits – et ce que nos produits peuvent faire pour nos utilisateurs », a expliqué en introduction Tim Cook, le CEO d’Apple. « Notre approche est unique parce qu’elle combine l’IA générative avec le contexte personnel de l’utilisateur pour fournir une intelligence vraiment utile. Et elle peut accéder à ces informations de manière totalement privée et sécurisée pour aider les utilisateurs à faire les choses qui comptent le plus pour eux. C’est l’IA comme seul Apple peut la proposer, et nous avons hâte que les utilisateurs découvrent ce qu’elle peut faire. »
C’est le comment qui fait la différence
L’intérêt d’Apple Intelligence n’est pas dans ce qu’elle sait faire. En l’occurrence, c’est du « déjà vu » chez Microsoft, Google et OpenAI. D’autant que pour l’instant, Apple s’est contenté de démos filmées.
En effet, Apple Intelligence sait trier les emails pour mettre en évidence ceux prioritaires, trier les notifications par importance, écrire du texte en votre nom, suggérer des réponses aux emails, transcrire une conversation téléphonique, résumer des documents ou des blogs, traduire des textes, créer des images ou des émoticônes à partir d’une description textuelle, sélectionner intelligemment des images en fonction de ce qu’elles contiennent, effacer un élément d’une photo, vous permettre de discuter avec Siri de façon plus naturelle, actionner des fonctions au sein du système ou des logiciels, vous guidez pas à pas dans l’utilisation d’une fonctionnalité, etc. Bref, rien de nouveau sous le soleil. Que du classique déjà vu sur les IA génératives comme Microsoft Copilot ou Google Gemini.
Ce qui est bien plus intéressant, ce n’est pas ce qu’elle fait mais c’est comment elle le fait. En l’occurrence elle le fait d’abord au travers d’une profonde intégration dans le système afin d’offrir des expériences utilisateur cohérentes et s’inscrire dans les scénarios du quotidien.
Ensuite, elle le fait en se reposant sur une profonde connaissance de l’utilisateur et de ses contextes personnels : elle connaît votre histoire, vos photos, vos emails, vos fichiers, vos habitudes, vos lieux, vos amis, votre famille, votre agenda, etc. C’est grâce à cette connaissance de vous qu’elle peut se montrer à la plus personnelle, plus utile et moins soumise aux hallucinations.
Enfin, elle le fait en mettant la priorité au respect de la vie privée.
Un cloud privé pour son IA
L’une des grandes originalités d’Apple Intelligence est de mettre en œuvre autant que possible le NPU embarqué dans les processeurs Apple afin d’en faire un maximum en local sans rien transférer et de s’étendre dans le cloud – mais pas n’importe quel cloud – lorsque nécessaire. En effet Apple Intelligence exploite ce que la firme appelle son Private Cloud Compute : des serveurs équipés de puces Apple, situés dans les datacenters d’Apple, utilisés pour étendre les capacités de calcul des grands modèles sans jamais conserver de données dans le cloud.
« Pour être vraiment utile, Apple Intelligence s’appuie sur la compréhension profonde des contextes personnels tout en protégeant la vie privée des utilisateurs… Épaulé par Private Cloud Compute, Apple Intelligence définit un nouveau standard de confidentialité dans l’IA en débloquant une intelligence à laquelle les utilisateurs peuvent faire confiance » explique la firme.
Ce soin de la vie privée dépasse d’ailleurs les technologies Apple. Ainsi, la nouvelle version de Siri (sur iOS, iPadOS et macOS) sait « passer la balle » à ChatGPT d’OpenAI lorsque les questions des utilisateurs dépassent ses capacités. Mais cet appel à ChatGPT se fait sans quitter Siri, sans nécessiter de compte OpenAI, en masquant l’IP de l’utilisateur, en alertant l’utilisateur lorsque des données privées sont transmises et avec l’assurance qu’OpenAI ne conservera pas les échanges.
Pas d’IA en Europe avant 2025 !
Toutes les fonctionnalités présentées à la WWDC ne seront pas immédiatement disponibles et nécessiteront iOS 18, iPadOS 18 et macOS Sequoia, les nouvelles versions des OS Apple.
L’éditeur n’a pas vraiment évoqué le déploiement d’Apple Intelligence lors de sa conférence. Mais les petites lignes ajoutées sur le site Web et sur le communiqué de Presse viennent jeter un léger froid.
D’abord, toutes les fonctionnalités présentées ne seront pas disponibles à la sortie et elles seront encore en Bêta.
De plus, Apple Intelligence ne sera apparemment pas proposée en dehors des USA à son apparition en automne. Les Français et les Européens de manière générale ne devraient pas en bénéficier avant 2025 !
De même l’intégration de ChatGPT à Siri n’est pas attendue avant la fin de l’année et sera, dans un premier temps, réservée aux Américains.
Au final, Apple a réussi son entrée dans l’arène de l’IA générative en se focalisant sur les expériences utilisateurs et sur la vie privée plutôt que sur les performances des modèles. La marque montre une nouvelle fois l’exemple à suivre en matière d’intégration. Mais l’indisponibilité d’Apple Intelligence en Europe cette année va sans aucun doute faire des déçus si elle se confirme.
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