Guerre de brevets et de violation de brevets autour des infrastructures massivement parallèles et hybrides… La société allemande de calcul haute performance (HPC) ParTec AG intente une action en justice contre Nvidia pour violation de brevet. Elle avait déjà attaqué Microsoft sur les mêmes brevets cet été.

ParTec AG n’est certainement pas ce que les Américains qualifient de « Patent Troll » (une entreprise qui dépose des brevets à seule fin de déclencher des procédures juridiques). Bien au contraire. C’est, avec Atos, l’un des grands spécialistes européens des HPC et de leurs architectures parallèles et de plus en plus hybrides. ParTec a en effet contribué à la construction de plusieurs supercalculateurs HPC européens, comme le MareNostrum 5 du Barcelona Supercomputing Center ou le Cineca italien. Ils sont aussi impliqués dans l’élaboration du futur calculateur exaflopique européen, le Jupiter.

On doit à ParTec l’architecture dMSA (dynamic Modular System Architecture) conçue pour optimiser l’utilisation des ressources de calcul en fonction des besoins spécifiques des applications grâce à l’utilisation combinée et dynamique de CPU et GPU.

En juin dernier, ParTec lançait une procédure contre Microsoft pour violation de ses brevets et pour avoir copié les concepts de dSMA pour construire les infrastructures IA qui ont permis l’apprentissage des modèles d’OpenAI. Une affaire portée devant les tribunaux américains, les HPC Azure étant situés outre-Atlantique.

Aujourd’hui, ParTec cherche à obtenir une injonction couvrant 18 pays européens, alléguant que Nvidia a bien enfreint deux de ses brevets liés aux supercalculateurs combinant des unités centrales de traitement (CPU) et des unités de traitement graphique (GPU), des architectures typiquement au cœur des IA d’aujourd’hui.

Des implications multiples

ParTec affirme avoir présenté sa technologie à Nvidia en 2019 et estime que l’infraction a commencé peu après. Une lettre récente adressée au PDG de Nvidia, Jensen Huang, pour entamer des négociations de licence, serait restée sans réponse.

Les brevets en question sont EP2628080, déposé en 2011, et EP3743812, déposé en 2019. Le second brevet est actuellement contesté devant l’Office européen des brevets (OEB), ce qui pourrait influencer le calendrier de la procédure.

Sur le papier, et hors histoire de gros sous, Nvidia risque une interdiction de vendre sa gamme de produits DGX dans une grande partie du marché européen si ParTec l’emporte.

Parce qu’il s’agit là du premier grand litige lié à l’IA devant les instances européennes, l’affaire prend évidemment une importance particulière. D’autant qu’elle vient aussi raviver les questions sur la protection de la propriété intellectuelle des entreprises européennes face aux géants technologiques américains et les questions de souveraineté technologique de l’Europe.

ParTec AG organisera une conférence de presse le 6 novembre prochain pour donner sa version des faits et entrer plus en détail sur ses brevets et les pratiques des géants américains.

 

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