Qui ne s’est jamais posé cette question difficile à affronter et emblématique des contradictions environnementales : faut-il subir encore un peu son vieux PC qui rame où culpabiliser en profitant d’une machine neuve ?
Les données du dilemme sont connues : D’un côté, l’inévitable exigence de sobriété qui impose de prolonger la durée de vie de ses équipements. De l’autre, la demande de productivité et de performance toujours croissante et conditionnée par la qualité du matériel qui font partie des préoccupations des entreprises.
En 2018, Intel a confié au cabinet J.Gold Associate, la mission d’analyser le coût de cette obsolescence pour des PME et le cabinet a interrogé 1020 petites entreprises utilisant des PC vieillissants, aux Etats-Unis, en Australie, au Japon, en Inde et en Chine. L’étude a traduit l’impact d’un ordinateur vieillissant en besoin de recrutements pour que l’entreprise garde un même niveau de productivité. De manière globale, un employé qui utilise une machine de plus de 5 ans présente une perte de productivité de plus de 20%. Dès la 3ème année, cette perte avoisine les 10%.
Et au centre, des décideurs et des utilisateurs qui ne savent plus à quelle boussole se fier.
Que disent les chiffres ?
Les chiffres sont clairs : malgré la conscience du poids environnemental croissant de nos ordinateurs, nous en achetons de plus en plus.
Dans sa note, évaluation de l’impact environnemental du numérique en France et analyse prospective (jan 2022), l’Arcep souligne que “l’étude de marché Xerfi sur les équipements numériques mentionne par exemple une augmentation de 10% de l’achat de matériel informatique de bureau (ordinateurs, composants…) neufs entre 2019 et 2020, principalement due à la généralisation du télétravail.” Et cette tendance n’a fait que s’amplifier avec la crise du COVID.
Ainsi, l’ADEME retient aujourd’hui l’hypothèse de 4 ans d’utilisation pour calculer l’empreinte carbone d’un ordinateur portable, chiffre en diminution constante (l’âge moyen des ordinateurs en service, il y a 10 ans était de 4,67 ans).
Alors, serions-nous devenus irresponsables ?
Bien sûr que non. Le renouvellement des ordinateurs s’accélère mais il est subi. A la différence des téléphones portables, pour lesquels modes et réflexes statutaires jouent un rôle, l’ordinateur portable est renouvelé pour des motifs utilitaires, surtout en entreprise.
Cette nécessité de renouveler le matériel est en outre renforcée par le comportement de certains fabricants (faible réparabilité) et de grands éditeurs, comme le soulignait le CIGREF en octobre 2021 dans un communiqué virulent (“Empreinte environnementale et sécurité numérique : les associations européennes d’utilisateurs interpellent Microsoft”) :
Le syndicat y écrit notamment : “Le déploiement progressif de Windows 11 en entreprise engendrera le remplacement des ordinateurs de plus de 3-4 ans, en raison de la puissance de calcul et la mémoire vive requises pour fonctionner (puce Trusted Platform Module – TPM en version 2.0 et 4Go de RAM contre 2Go précédemment)”
Face à ces acteurs, plus soucieux de communiquer sur leurs efforts environnementaux que de réellement sortir de “la course aux armements”, difficile de pratiquer une informatique plus responsable.
Comment réagir ?
Dans sa feuille de route du début d’année, l’ARCEP retient plusieurs axes pour réduire l’empreinte environnementale du numérique dont deux sont directement opérationnels en termes d’équipement :
- Soutenir le développement d’une filière française du réemploi et du reconditionnement
- Prolonger la durée de vie des équipements et lutter contre l’obsolescence logicielle
C’est effectivement la voie efficace pour réduire l’impact environnemental des parcs informatiques, mais à quel prix en termes de productivité ? Pour être soutenable, le verdissement du numérique en entreprise ne peut pas se faire au détriment de l’efficacité, c’est donc un faux choix qui est proposé à l’entreprise.
Mais en marge des machines reconditionnées et peu adaptées, il existe une solution pour concilier productivité et durée de vie des équipements : décorréler la performance de la couche matérielle, afin que celle-ci puisse durer plus longtemps. Le moyen le plus efficace est l’intensification de la virtualisation qui rend la performance indépendante du terminal.
Le Cloud PC, pour ne plus choisir entre sobriété et performance
En effet, puisque le logiciel ne veut pas se détacher du PC, il faut détacher le PC du logiciel en l’hébergeant désormais dans un cloud, optimisé, neutre en carbone et fortement réparable.
En s’appuyant sur les chiffres de l’ADEME, utiliser un PC de plus de 3 ans pour se connecter à un Cloud PC économiserait 60 kg de carbone par an et par utilisateur (soit 15 aller-retour Paris-Bruxelles en Thalys).
Il existe en France une filière d’excellence naissante dans ce domaine qui excède la question du Cloud Gaming pour répondre à l’ensemble des besoins des professionnels de la bureautique la plus simple à la CAO la plus exigeante. Aujourd’hui, des centaines d’utilisateurs travaillent déjà sur des PC virtuels sans avoir à déployer d’infrastructure supplémentaire et avec un totale satisfaction. Demain, cela peut-être des milliers de collaborateurs satisfaits et de tonnes de carbone économisées.
Cette belle opportunité est à la fois une réponse à l’urgence, une garantie de performance et la fin de la mauvaise conscience. Sachons nous en saisir et arrêter de culpabiliser.
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Par Loïc Poujol, Directeur associé chez Weytop
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