Le succès fulgurant de ChatGPT a donné un coup d’accélérateur à l’IA conversationnelle. Après Bing et Google, c’est au tour des Chinois de s’emparer du sujet. Les concurrents à ChatGPT se multiplient comme des petits pains mais les géants de la Tech doivent avancer avec prudence et sont ralentis par les risques pour leur image.

Ces derniers jours ont bien sûr été très animés par Microsoft et Google alors que le succès de ChatGPT démontre le potentiel de l’IA pour métamorphoser les interactions homme-machine et le marché de la recherche sur le Web.

Une course sous surveillance

Microsoft a lancé le nouveau moteur Bing AI. Les premiers retours semblent montrer d’impressionnants progrès par rapport à ChatGPT. Mais aussi pourquoi Microsoft se montre si prudent dans le déploiement de sa nouvelle IA conversationnelle avec des listes d’attente. L’éditeur indiquait cette semaine que « le processus de liste d’attente fait partie de notre approche de l’IA responsable ».
Une prudence bienvenue puisque les premiers utilisateurs « acceptés » ont réussi à faire écrire à l’IA des textes « à la façon » de complotistes ou de Hitler. Apparemment, Microsoft s’est montré très réactif à chaque fois en ajoutant suite au retour de ces utilisateurs des filtrages empêchant de telles demandes. Plus amusant, selon les premiers témoignages, l’IA active parfois d’elle-même des mécanismes de censure en plein milieu de sa génération, comme si elle s’apercevait que ce qu’elle est en train de dire sort des clous et peut se révéler très inapproprié.
Il va être très instructif de voir à quelle vitesse Microsoft va ouvrir l’accès à son IA. Elle promet des millions d’utilisateurs en quelques semaines. Pour rappel, ChatGPT dont l’accès était bien plus ouvert, a conquis 100 millions d’utilisateurs mensuels en moins de deux mois.

Bard se trompe déjà et fait plonger l’action Google

Bien sûr, les grosses multinationales n’ont pas la liberté d’une startup comme OpenAI. Google vient d’ailleurs de se le voir rappeler.

L’éditeur a mis cette semaine à disposition de « testeurs de confiance » sa propre IA conversationnelle dénommée Bard. Si les progrès par rapport à ChatGPT semblent réels, son IA a déjà commis un impair embarrassant. Dans son annonce de lancement, Google publiait quelques exemples de discussion avec son IA. Sauf que sur l’une des captures présentées, l’IA attribue à JWST la première image d’une planète hors du système solaire. Alors que la première date de 2004 et provient du VLT au Chili. Une réponse correctement donnée par le moteur classique de Google sans IA… ça fait désordre. Au point d’entraîner une chute de 7% de l’action Google (soit plus de 100 milliards de dollars de valorisation), alors que l’éditeur décevait les analystes avec une conférence qui, à défaut de montrer Bard en action, confirmait que l’éditeur était pris de vitesse par ChatGPT et les annonces de Microsoft Bing la veille.

La Chine aussi veut ses IA qui discutent de tout

Dans le même temps, toute cette « hype » autour des IA conversationnelles a aussi un écho en Chine. Pas question pour les acteurs chinois de la Tech de se laisser dépasser.

Le géant Baidu a ainsi annoncé son projet « Ernie Bot » (Wenxin Yiyan en Chinois). Pour l’instant, cette IA conversationnelle est en tests intensifs en interne de l’entreprise. Elle fera sa première apparition publique en Mars prochain.
« ERNIE » est en fait l’acronyme de « Enhanced Representation through Knowledge Integration » (Représentation améliorée par l’intégration des connaissances), un modèle linguistique LLM (Large Language Model) développé par Baidu Research en 2019. Ce modèle présente l’originalité d’avoir été pensé dès le départ pour intégrer efficacement des connaissances externes (provenant par exemple de sources certifiées ou d’encyclopédies en ligne) et donc aisément améliorer ses capacités de discussion.

Et bien évidemment toutes ces annonces ne pouvaient laisser Alibaba sans réaction. L’autre géant chinois de la Tech et du Cloud a répondu en confirmant tester lui aussi en interne son propre concurrent de ChatGPT, rappelant au passage travailler sur les IA génératives depuis 2017. L’éditeur n’a fourni aucun autre détail mais précise avoir élaboré cette intelligence conversationnelle en collaboration avec un concurrent de ChatGPT sans préciser lequel.

Il sera intéressant de surveiller la mise à disposition en Chine de ces IA et la vitesse à laquelle elles seront déployées. Rappelons que, en 2016, l’IA TAY de Microsoft – qui fût éteinte 24H après son déploiement aux USA tant elle avait été rapidement pervertie – avait au préalable connu deux ans de déploiement en Chine sans le moindre incident ! Autre pays, autres mœurs, autres libertés aussi…

Interrogé sur l’expérience TAY, ChatGPT répond que « Microsoft Tay a montré l’importance de la responsabilité dans le développement de systèmes de conversation automatisés et la nécessité de prendre en compte les risques potentiels pour la sécurité et la vie privée lors de la mise en œuvre de ces systèmes ». Un conseil que Microsoft et Google semblent avoir entendu avec leurs accès pour l’instant très contrôlé et très limité à leurs nouvelles IA.

 

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