Google commence à ouvrir l’accès à son IA générative et conversationnelle, Bard. Des premiers pas timides pour l’instant via une liste d’attente réservée aux anglophones…

Bard sort des locaux de Google! Un mois après une annonce un peu chaotique, l’éditeur a officialisé hier les premiers accès publics à son IA conversationnelle destinée à contrer ChatGPT.

Mais l’éditeur joue la prudence.

Probablement inspiré par les difficultés rencontrées par Microsoft avec BING, Google opte pour une préinscription à une liste d’attente au travers du site bard.google.com. Certains utilisateurs intensifs et fanatiques d’Android ont déjà vu leur accès validé. Pour l’instant, la marque table d’abord sur ses fans.

Qu’en anglais pour l’instant

Apparemment, Bard n’est pour l’instant qu’anglophone. Sa maîtrise des autres langues est au programme mais n’est pas encore implémentée. Dès lors, la fameuse liste d’attente n’est ouverte qu’aux résidents US (États-Unis) et UK (Royaume-Uni). Et il ne suffit pas de résider dans ces pays. Google choisit au compte-goutte qui a accès ou non à Bard, un peu comme Microsoft l’a fait avec Bing IA. Mais Google se montre encore plus précautionneux.

Mais la langue anglaise n’est pas la seule limitation actuelle de Bard.

Des capacités encore limitées

Il est vrai que Google ne cache pas le côté prématuré de cette mise à disposition de son IA. Le site indique clairement que cette pseudo-ouverture n’est qu’une « expérimentation ».

Bard se veut également multimodal et capable d’accepter images, sons et même vidéos en entrée. Mais ces fonctionnalités semblent encore très loin d’être disponibles. Pour l’instant, Bard n’est absolument pas multimodal (rappelons que GPT-4 qui se veut lui aussi multimodal avec ses capacités d’analyse des images est pour l’instant également bridé, cette fonctionnalité n’étant pas accessible et réservée qu’à quelques partenaires triés sur le volet).

En outre, Bard limite les conversations à quelques échanges. On sait que ces IA génératives ont tendance à perdre les contextes et s’égarer voire sortir des gonds quand les conversations s’éternisent. Bing a rapidement du limiter les échanges pour éviter ces dérives. Après avoir limité à seulement 5 échanges, Microsoft autorise désormais 15 échanges par session. Google a conscience de ces dérives et limite donc d’emblée les échanges par session.

En outre, Google explique que Bard utilise actuellement une version simplifiée du modèle LaMDA afin de pouvoir monter en charge plus aisément. Ses ingénieurs travaillent sur différentes optimisations qui permettront ultérieurement à Bard de s’appuyer sur un modèle plus dense.

Autre grosse différence, Bard n’est absolument pas capable de générer du code en langage informatique pour le moment, ce que Bing IA et ChatGPT font plutôt bien.

Bard n’est pas Bing IA

Alors que Bing IA se présente comme un copilote de vos recherches WEB, Bard se veut bien davantage une alternative à ChatGPT. « Bard n’est pas de la recherche, c’est un complément à la recherche », autrement un complément à Google Search.

L’idée, c’est plutôt de poser des questions à l’IA pour discuter autour d’un sujet. Éventuellement, ensuite, d’étendre cette discussion par une recherche liée aux réponses. En effet, Bard affiche un bouton « Google It » qui encourage l’utilisateur à poursuivre par une recherche traditionnelle sur Google Search.

L’approche diffère de Microsoft dont l’interface passe instantanément de la recherche à la discussion et inversement, l’IA servant également à améliorer les recherches classiques et invitant à une approche différente des moteurs de recherche et de la façon de chercher.

« La magie de Bard à l’usage réside dans le fait qu’il s’agit d’un compagnon créatif qui vous aide à être la bougie d’allumage de votre imagination et à explorer votre curiosité » explique Jack Krawczyk, chef produit Bard. Bard est davantage une IA qui vous aide quand il n’existe pas de réponses précises à une interrogation.

Des premiers tests qui montrent un retard

Les premiers retours des utilisateurs américains qui ont été autorisés par Google montrent que l’IA en est effectivement à ses premiers pas.

Dans presque tous les exemples, les réponses de Bing IA et ChatGPT se sont révélées plus complètes et plus justes.
Les différences sont parfois subtiles et le potentiel de l’IA de Google est sans conteste prometteur.

Mais Bard commet encore des « hallucinations » basiques (il invente des citations par exemple, ou répond complètement à côté de la plaque) qui montrent que bien des garde-fous sont encore à mettre en place pour limiter ses dérives.

Par ailleurs, alors que Bing IA et CPT-4 savent éviter de répondre à des questions du genre « Génère-moi un email de phishing » ou
Le site TechCrunch s’est livré à quelques expérimentations assez parlantes montrant les progrès que Google doit encore réaliser pour rattraper les capacités des concurrents.

C’est justement tout l’objectif de cette première « expérimentation publique ». D’ailleurs, à la sortie de Bing IA, Yusuf Mehdi, patron de la division Consumers chez Microsoft expliquait : « la seule façon d’améliorer de tels produits, où l’expérience de l’utilisateur est tellement différente de tout ce que l’on a vu auparavant, est d’avoir des vraies gens qui utilisent le produit et font exactement ce que les gens veulent en faire ». C’est exactement ce que Google met aujourd’hui en pratique avec son accès préliminaire à Bard. Et l’éditeur ne cache pas que le déploiement international de son IA prendra du temps.

Mais le premier pas est toujours essentiel… Bienvenue à Bard.

 

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