L’informatique quantique en est encore essentiellement au stade de la R&D. Mais cette recherche est régulièrement mise en pratique pour mesurer en pratique les progrès réalisés et permettre aux communautés de travailler sur les algorithmes quantiques avec autre chose que des simulateurs. Une nouvelle étape a été franchie chez D-Wave d’un côté et Infleqtion de l’autre.

La recherche quantique bat son plein. Très régulièrement de nouvelles technologies montrent leur capacité et la performance des prototypes ne cesse d’augmenter repoussant sans cesse les limites de nos connaissances de la physique quantique et de ses applications en informatique.

En la matière, l’Europe est loin d’être un enfant pauvre et même loin d’être en retard. Moins portées par une communication excessive et plus centrée sur la réalité de terrain et les applications du quantique, les Deeptechs européennes avancent parfois loin des projecteurs. La France est d’ailleurs bien positionnée dans cette quête des ordinateurs quantiques avec des acteurs comme Alice&Bob (dont la première machine à « qubit de chat » doit prochainement être dévoilée), Quandela et sa machine MosaiQ avec son processeur photonique 12 qubits, et Pasqal avec ses machines quantiques analogiques « Fresnel » à 100 qubits à base d’atomes neutres. Pasqal a par ailleurs déjà assemblé une machine 300 qubits et doit – en toute logique – lancer cette année une machine 1000 qubits.

Même si la course au quantique se focalise désormais plus sur la correction d’erreur (les erreurs sont intrinsèques à la technologie quantique) et sur la fiabilisation des circuits quantiques, la course aux qubits reste un terrain de recherche important. Depuis l’an dernier, les premiers processeurs quantiques de 1000 qubits ont vu le jour. Le premier a été présenté par Atom Computing en octobre dernier (avec une technologie à base d’atomes neutres) avec 1180 qubits. Le second a été inauguré en Décembre par IBM et se nomme Condor avec 1121 qubits subconducteurs.

Deux autres annonces quantiques à plus de 1000 qubits ont été faites cette semaine.

D-Wave peaufine son Advantage2 et le gonfle à 1200 qubits

La première est signée du vrai pionnier de l’informatique quantique, D-Wave, seul fournisseur à disposer d’une offre commerciale avec IBM (et ses Q System One et Q System Two). L’entreprise canadienne annonce l’arrivée sur son service QaaS « Leap 2 » de sa machine D-Wave Advantage2 et ses 1200 qubits (D-Wave avait présenté en 2022 un prototype du Advantage2 à l’époque doté de 500 qubits mais non mise à disposition via le service QaaS).
Contrairement à la plupart de ses concurrents, D-Wave ne planche pas sur des machines universelles mais sur des ordinateurs adiabatiques à « recuit quantique » qui limitent le type de traitements réalisables. Pour faire simple, les machines D-Wave sont surtout applicables aux problématiques d’optimisation. Ce nouvel Advantage2 reste un prototype opérationnel. D-Wave espère toujours pouvoir introduire en 2024 ou 2025 sa version finale du Advantage2 qui devrait comporter plus de 7000 qubits grâce à un nouveau design de qubit et une topologie 20 voies.

Infleqtion dispose d’un array de 1600 qubits à atomes froids qu’il doit encore implémenter

La seconde annonce est celle d’Infleqtion une deeptech américaine plus connue sous son ancien nom ColdQuanta. Pionnier des technologies quantiques à base d’atomes froids (ColdQuanta est née en 2007), Infleqtion a présenté cette semaine un « array » de 1600 qubits qui doit encore être incorporé dans une machine opérationnelle. Ce qui pourrait prendre encore de nombreux mois.

Comme on peut le lire entre les lignes, aucune de ces machines « 1000 qubits » (pas même chez IBM et Atom) n’est totalement terminée et seule celle de D-Wave semble aujourd’hui assez opérationnelle pour s’exposer au travers d’un service cloud. Pour autant, on voit de plus en plus de deeptechs minimiser l’importance des « qubits physiques » pour plutôt se concentrer sur le concept de « qubits logiques » autrement dit de combinaison de plusieurs qubits physiques pour obtenir un « qubit corrigé » (avec correction d’erreur intégrée). De quoi permettre aux deeptechs françaises et européennes de se positionner. Il n’est pas trop tard.

 

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