Véritable violation de licences open-source ou simple gaffe de développeurs ? Le conflit latent depuis plusieurs années entre MinIO et Nutanix prend une tournure plus officielle. De quoi inquiéter les DSI ayant adopté Nutanix Objects ?

L’infrastructure cloud hybride de Nutanix repose sur différentes technologies open-source parfois fruit de la R&D de Nutanix comme AOS, parfois dérivant d’autres technologies open-source à l’instar de l’hyperviseur AHV (qui dérive de KVM) ou de Karbon (qui implémente Kubernetes au-dessus d’AOS).

Depuis près de trois ans, il existe un conflit latent entre Nutanix et MinIO connu pour sa solution open-source de stockage objet.

Selon MinIO, Nutanix serait en violation des termes de la licence open source Apache v2 et AGPL v3 de MinIO. Selon l’éditeur, « depuis son introduction en 2018, Nutanix distribue MinIO dans le cadre de sa pile logicielle, mais ne l’a pas divulgué à ses utilisateurs. Nutanix est en violation continue de la version Apache v2 et nous pensons qu’ils peuvent également être en violation des versions GNU AGPL v3 de MinIO ».

En cause le module « Nutanix Objects » de gestion du stockage objet sur son infrastructure hyperconvergée.

L’histoire est un peu plus complexe qu’il n’y paraît. Tout remonte à la création de la couche de gestion d’un stockage objet (particulièrement pensée pour l’archivage) par Nutanix en 2018. Alors nommée « Buckets », elle s’appuyait effectivement sur une adaptation de MinIO réécrite pour profiter de l’infrastructure hyperconvergée AOS et l’hyperviseur AHV tout en conservant une compatibilité avec les API S3.

En 2019, Nutanix renomme son « Buckets » en « Objects » tout en introduisant de nouvelles fonctionnalités plus avancées et en réadaptant son système objet pour fonctionner indifféremment avec les hyperviseurs AHV et ESXi. Dès cette période, il apparaît que la solution a été tellement réécrite et optimisée pour AOS qu’il ne subsiste plus grand-chose du code originel dérivant de MinIO. D’ailleurs, peu à peu, les références à l’historique MinIO vont disparaître des bibles techniques de Nutanix.

C’est à cette époque que commence à se tendre les relations entre Nutanix et MinIO. Une tension qui trouve son point culminant en ce mois de juillet 2022. MinIO précise que « nous avons demandé à Nutanix de cesser la copie et la redistribution de tout logiciel ‘forqué’ qui n’aurait pas transmis à ses clients les en-têtes de licence originaux de MinIO et le texte de la licence, ainsi que les licences de brevets et de droits d’auteur incluses ».

Selon MinIO, Nutanix Objects n’est qu’un wrapper autour d’une version modifiée du binaire MinIO. Et aucun client Nutanix n’est informé que la technologie sous-jacente est celle de MinIO.

Nutanix a réagi à ces allégations en précisant : « En ce qui concerne certaines allégations récentes dans un blog selon lesquelles nous aurions utilisé un logiciel en violation possible d’une licence open source dans notre produit Objects, veuillez noter que Nutanix défend ses produits et s’engage à indemniser ses clients contre les réclamations de propriété intellectuelle découlant de l’utilisation de ses produits, si le besoin s’en fait sentir. Nous allons contacter rapidement l’auteur du blog et nous continuerons à informer la communauté. »

Sur le papier, si Nutanix continue effectivement de s’appuyer sur les codes sources de MinIO, il lui suffirait d’associer les fichiers textuels et entêtes MinIo pour se mettre en conformité.  On peut donc imaginer que la violation des licences n’est peut-être qu’accidentelle et que les codes mis en cause par MinIO et toujours présents dans la distribution d’Objects ne sont qu’un malencontreux « oubli ».

Quoiqu’il en soit avec un peu de bonne volonté de part et d’autre, la solution à ce conflit ne devrait pas être bien difficile à résoudre. À moins que Nutanix ait volontairement violer des licences  open-source, ce qui paraît difficile à imaginer. Ou que MinIO y voie plus qu’une opportunité de s’offrir une belle publicité (on n’a jamais autant parlé de sa solution) et y recherche une belle opportunité financière, avocats à l’appui. D’autant que le rachat de VMware par Broadcom est en passe de donner un inattendu coup de boost à Nutanix : bien des clients « Nuta » restés sous vSphere/ESXi sont désormais très tentés par l’aventure AHV et les multiples modules de l’offre Enterprise Cloud.

 


 

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