Capgemini et Orange annoncent la roadmap de bleu, leur joint venture pour un cloud de confiance à base de technologies Microsoft, avec un accompagnement des clients qui démarrera dès la fin 2022 mais des services qui ne seront opérationnels qu’en 2024.

Alors que Google Cloud doit officiellement lancer sa région France et éclairer sa stratégie de cloud de confiance avec Thalès le 30 juin prochain, la concurrence s’agite pour prendre les devants au moins en termes d’annonces. Lundi, Oracle Cloud a ainsi annoncé l’ouverture officielle de sa seconde région France. Aujourd’hui, c’est au tour du cloud Bleu, la joint-venture entre Capgemini et Orange pour proposer un cloud de confiance sur technologies Microsoft, de refaire parler de lui et de dévoiler quelque peu sa roadmap.

Le plan français « Cloud au Centre » engage les administrations dans une modernisation « cloud first » mais leur impose de n’utiliser que des clouds de confiance autrement dit des clouds certifiés SecNumCloud, gérés et opérés par des entreprises de droit européen et totalement imperméable au Cloud Act américain. De même, les OIV (Opérateurs d’Importance Vitale) et OSE (Opérateurs de services essentiels) sont désormais contraints, dès 2023, d’opérer leurs workloads cloud critiques sur des clouds de confiance.

Cette décision politique exclut du jeu tous les hyperscalers américains et chinois mais aussi les clouds dont les infrastructures sont hébergées dans des datacenters appartenant à des sociétés de droit non européen. Pour faire simple, il n’y a guère aujourd’hui que OVHcloud et 3DS Outscale, voire T-Systems, à répondre ou pouvoir répondre à la définition française du « cloud de confiance ».

Reste que bien des organisations ont déjà massivement investi sur des technologies américaines (AWS, Azure, Google Cloud) mais aussi sur des solutions SaaS américaines (Microsoft 365/Office 365, Google Workspace, …) qui elles aussi ne sont pas considérées comme cloud de confiance.

Dans la foulée de l’annonce gouvernementale, deux projets ont été annoncés. Celui de Google Cloud et Thalès dont on devrait en savoir plus dans les prochains jours (et qui vise principalement à offrir les technologies GCP sur un cloud de confiance, Google Worskpace n’étant pas par sa conception aisément transposable sur un cloud souverain). Et celui de Bleu porté par Capgemini et Orange autour des technologies Microsoft.

Bleu dévoile aujourd’hui un peu plus de ses intentions et de sa roadmap.

La société « Bleu » devrait officiellement voir le jour d’ici la fin 2022. Jean Coumaros, actuellement Directeur de la Transformation et membre du Comité Exécutif du groupe Capgemini, a été choisi par les deux actionnaires (Capgemini et Orange) comme Directeur Général pressenti.

Depuis l’annonce en mai 2021, la future société a passé ces derniers mois à valider sa solution technique avec Microsoft, imaginer les processus de collaboration avec l’éditeur américain et lancer la phase de développement en travaillant de concert avec l’ANSSI pour s’assurer que ses futurs services seront bien conformes avec les exigences SecNumCloud 3.2 (dernière mouture de la certification qui intègre les aspects juridiques du label « cloud de confiance »).

« Depuis l’annonce initiale de Bleu en mai l’année dernière, Capgemini et Orange ont travaillé main dans la main sur les aspects techniques et réglementaires nécessaires à la concrétisation de ce projet de “Cloud de Confiance”, confirme Aiman Ezzat, Directeur Général du groupe Capgemini. Bleu apporte une combinaison unique d’avantages en termes de sécurité et d’offre de services, en mettant notamment à disposition la plus large palette d’innovations technologiques ».

Dès sa création officialisée, Bleu compte immédiatement travailler auprès de ses clients potentiels à leur migration vers son Cloud de confiance. Pour cela, elle leur proposera un « programme de préparation Bleu » qui leur permettra de se former, de démarrer les étapes préparatoires, de réaliser pilotes et tests et de s’assurer d’être fins prêt à passer leur migration en phase opérationnelle dès la mise en service de la plateforme.

Une mise en service qui n’est cependant pas attendue avant 2024 ! La plateforme Bleu sera lancée sur un ensemble de centres de données distribués géographiquement en France et répondant à de très hautes exigences en matière de résilience et de disponibilité. Elle devra, en toute logique, être certifiée SecNumCloud au moment de son entrée en opération. Au contraire du futur cloud de Thalès/Google, le cloud Bleu hébergera non seulement les services IaaS/PaaS de Microsoft Azure mais également les services SaaS de Microsoft 365 ! Un atout phare pour Bleu, bien des organisations, OIV et OSE n’ayant pas l’intention d’abandonner leur suite cloud actuelle qu’ils doivent néanmoins avoir sur un cloud de confiance.

« En tant qu’entreprise française indépendante, détenue à 100 % par des actionnaires français, Bleu apportera une proposition de valeur inégalée à l’État français et aux opérateurs d’infrastructures critiques. Désormais, notre principale ambition, avec notre partenaire Capgemini, est de faire en sorte que les clients soient prêts à tirer parti des services de Bleu dès la mise en service de la plateforme, et qu’ils puissent entamer leur transition avec le meilleur accompagnement possible. C’est là le double objectif qui est fixé avec le programme de préparation à la migration vers Bleu. La confiance est au cœur des valeurs d’Orange. Elle est aussi un élément essentiel de l’essor de l’écosystème cloud français et européen », explique Christel Heydemann, Directrice Générale d’Orange.

Bleu ne précise pas encore quels services cloud d’Azure seront réellement hébergés sur son Cloud de confiance. Tous les services ne se prêtent en effet pas à un hébergement SecNumCloud, soit parce qu’ils n’ont aucun caractère critique dans leur utilisation soit parce que leur fonctionnement par nature ultra réparti rend caduque toute idée de résidence des données sur un espace souverain.

Bleu ne précise pas non plus les équations économiques trouvées et jusqu’à quel point un hébergement sur son cloud coûtera plus cher aux entreprises qu’un hébergement direct sur Azure. On se souvient que cette « surtaxe » liée à une gestion « locale » avait entraîné la mort rapide de l’accord signé entre Azure et T-Systems pour une version « purement allemande » d’Azure, il y a quelques années de cela.

Et Bleu ne détaille pas encore les datacenters qui hébergeront ses services, en sachant que leurs clients seront forcément très attentifs aux partenaires choisis et ne pourront accepter que ces infrastructures soient hébergées chez les grands fournisseurs d’origine américaine.

En revanche, Bleu précise avoir construit avec Microsoft des processus de mises à jour réguliers et régulés qui permettront aux clients de Bleu de bénéficier eux aussi des innovations apportées par Microsoft à Azure et Microsoft 365 au fil du temps.

Reste que le compte à rebours est déjà déclenché pour toutes les administrations, OIV et OSE. Beaucoup ne pourront pas attendre 2024. Aux acteurs clouds et éditeurs de solutions collaboratives, européens et français, de se faire entendre et saisir l’opportunité qui se présente. En 2024, avec Azure et GCP de nouveau dans la course grâce à leurs partenaires, ça sera plus difficile…


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