Alors que 2024 a été marquée par une explosion d’innovations en intelligence artificielle (IA), les entreprises ont dû adapter leurs stratégies pour exploiter ces avancées. Voici ce qu’il faut retenir de toutes ces innovations, de toutes ces annonces IA, qui ont marqué l’année…
2024 aura été une année charnière pour l’intelligence artificielle. Alors qu’elle n’était encore fin 2023 qu’une curiosité pour beaucoup, l’IA s’est imposée comme un outil stratégique dans de nombreuses entreprises et dans le quotidien de très nombreux collaborateurs (parfois, souvent, en mode Shadow IA).
Les expérimentations concrètes se sont multipliées, tout comme les investissements. Cependant, toutes les organisations n’ont pas réussi à obtenir les retours sur investissement escomptés. C’est donc avec une approche plus pragmatique et une meilleure compréhension des possibilités et des limites de l’IA qu’elles abordent 2025.
Quoi qu’il en soit, 2024 a été marquée par une avalanche d’innovations et de bouleversements technologiques. Pas facile de suivre un tel rythme. Pas un jour ne s’est écoulé sans une annonce IA.
Bien sûr 2024 n’a pas été uniquement une année d’actualités IT dopées à l’IA comment en témoigne notre article : Le grand récap 2024 : les 10 actualités IT qui ont marqué l’année. Mais nous vous proposons ici de revenir ensemble sur les 12 évolutions clés de l’IA en cette année 2024 et de vous replonger dans les actualités phares qui l’ont rythmé :
1 – L’OSI officialise une définition d’une IA « en open source »
L’Open Source Initiative (OSI) a posé les bases d’une définition standardisée pour une IA « en open source ». Cette officialisation clarifie les conditions de transparence et d’accès non seulement aux poids des modèles mais aussi au code informatique et en partie aux sources des données qui ont servi à l’apprentissage. Établissant un cadre pour éviter les abus de langage dans l’industrie, cette définition OSI ne fait pas que des heureux. Typiquement, la plupart des modèles « ouverts » comme Microsoft Phi, Meta Llama, Mistral 8x7B, Google Gemma ne répondent pas à la définition OSI « de modèles open source) contrairement aux modèles Granite 3.1 d’IBM.
LLama et Mixtral ne sont pas de vraies IA open-source selon l’OSI
OLMo 2 : un nouveau modèle vraiment open source meilleur que LLama 3.1
Le petit Granite 3.1 d’IBM rivalise avec les modèles géants de l’IA
Avec LLama 3, Meta redéfinit les standards de l’IA en open source
2 – L’émergence des Small Language Models (SLM)
Face à la complexité et aux coûts des Large Language Models (LLM), les Small Language Models (SLM) ont gagné en popularité. Leur principal atout ? Une personnalisation accrue et des besoins en ressources réduits, les rendant accessibles à des entreprises de toutes tailles. Ils ont fleuri de partout (y compris chez Google, OpenAI et Microsoft) et sont de plus en plus prometteurs avec désormais des capacités multimodales étendues à l’instar de Gemini 2.0 Flash. En Europe, Mistral s’est démarqué avec une nouvelle série de petits modèles aux performances étonnantes.
Mistral lance de nouveaux « mini » modèles IA
GPT-4o mini & Mistral NeMo : les petits modèles s’imposent
IBM lance sa famille de « petits » modèles Granite 3.0
Mistral AI lance deux nouveaux modèles : Codestral Mamba et Mathstral
Avec Phi-3, Microsoft améliore encore ses modèles Gen IA de poche
Google donne de la personnalisation à Gemini et lance de nouveaux modèles
3 – Le début de l’IA agentique avant l’invasion des Agents IA
Les agents intelligents autonomes préparent leur grande entrée. Que ce soit dans le service client, la gestion de projet ou même l’assistance personnelle, les annonces autour de tels agents se sont multipliées chez tous les éditeurs à commencer par Microsoft, Salesforce, SAP, Google et AWS qui en ont fait les stars de leurs grandes conférences IT 2024. Microsoft a, lors d’Ignite, mis en avant l’intégration de ces agents dans ses solutions Dynamics 365, Salesforce a lancé AgentForce (et même AgentForce 2.0), SAP a montré comment les agents IA de son Copilote Joule pouvaient collaborer entre eux.
Ces agents promettent de transformer radicalement les interactions avec les technologies au point que, selon Satya Nadella, les applications métiers traditionnelles et les solutions CRM et transactionnelles en mode SaaS pourraient disparaître dans leur forme actuelle. En effet, Les agents IA géreront les règles à travers plusieurs applications ou bases de données, remplaçant les systèmes back-end traditionnels.
En outre, les Agents IA commencent aussi à pouvoir contrôler votre PC et agir en votre nom, comme l’ont démontré le mode « Computer Use » de Claude, la fonction « Copilot Vision » de Microsoft, ou Project Mariner de Google.
Pour Marc Benioff, l’avenir appartient à ceux qui sauront manager les travailleurs numériques
SAP présente Joule, son IA générative
Microsoft fait le forcing sur les agents IA avec Dynamics 365 et Copilot Studio
Agents IA : Le nouveau modèle d’Anthropic peut contrôler votre PC
Microsoft dévoile Copilot Actions, des prompts pour automatiser les tâches répétitives
Mutimodalité, Canvas, analyse de documents, agents IA… Le Chat refait son retard
Google Gemini 2.0 : L’ère des agents intelligents
Microsoft automatise vos processus métiers avec ses Agents IA
Microsoft Ignite 2024 : des Agents IA tout partout…
L’Économie des Agents : une vision de l’avenir de l’IA
4 – La stagnation des modèles frontières
Après un démarrage fulgurant au début de l’année avec des modèles multimodaux impressionnants comme Gemini 1.0 Ultra de Google, GPT 4o d’OpenAI, Claude 3.0 Opus ou Mistral Large, l’innovation dans ce domaine semble avoir marqué le pas en fin d’année. Après une année, Gemini 1.5 Ultra, GPT-5, Claude 3.5 Opus bien qu’ayant été entraînés n’ont jamais officiellement vu le jour. Un signe que la maturité technique des LLM a atteint un palier. Provisoire ? Sans doute, mais il va surtout falloir repenser la conception même des LLM. Parmi les pistes poursuivies, les modèles à raisonnement (voir plus loin) et des concepts nouveaux comme les LCM (Large Context Models) de Meta qui remplacent les tokens des LLM par des concepts de plus haut niveau.
La dure quête du prochain LLM frontière
Mistral lance la seconde génération de son grand LLM : Mistral Large 2
Mistral Large 2, Meta LLama 3.1 : Les LLM « frontières » font de la résistance
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IA : Anthropic découvre que les grands LLM peuvent cacher leurs intentions !
5 – Des plateformes IA complètes chez les hyperscalers
Après une année 2023 de foisonnements de services disparates et de tâtonnements, 2024 a été marquée par d’importants efforts des géants du cloud (AWS, Azure et Google Cloud) pour structurer et renforcer leurs offres en proposant des plateformes IA de bout en bout. AWS a réinventé son SageMaker, Microsoft a dévoilé son « Azure AI Foundry » et Google a peaufiné et encore enrichit sa plateforme Vertex AI. Ces solutions simplifient la mise en œuvre, le déploiement et la gestion de projets IA, réduisant les barrières techniques pour les entreprises.
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6 – La multiplication des plateformes IA « on prem »
Face aux initiatives des hyperscalers et pour répondre aux enjeux de souveraineté, de confidentialité, de sécurité, les acteurs de l’infrastructure comme Nutanix, Dell, HPE, VMware ou encore NVIDIA ont développé des plateformes IA locales pour datacenters faciles à déployer.
Elles s’appellent Nutanix GPT-in-a-Box 2.0, Dell AI Factory, HPE Private Cloud AI, VMware Private AI Foundation, Pure GenAI Pod et reposent souvent – au moins en partie – sur la plateforme NVIDIA AI Enterprise (avec sa brique de microservices NIM) et sur le catalogue de modèles hébergés par Hugging Face.
Ces plateformes offrent une alternative aux plateformes IA du cloud pour les entreprises préférant garder leurs données sensibles sur site.
Nutanix GPT-in-a-Box 2.0 pour faire de l’IA simplement en s’affranchissant des clouds publics
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7 – L’ère du PC doté d’IA a débuté
Le PC traditionnel se transforme avec l’arrivée de l’IA propulsée par des NPU capables d’exécuter des modèles en local. Microsoft et ses partenaires ont ainsi lancé en 2024 les « Copilot+ PC » et on prend les paris que d’ici la fin 2025 tous les nouveaux PC nomades commercialisés sur le marché seront des « Copilot+ PC ». À terme tous les PC seront « Copilot+ ». Et au passage, Windows se réinvente avec des fonctionnalités exclusives aux « Copilot+ » telles que Windows Recall. Selon Lenovo, 2025 devrait marquer l’arrivée de fonctionnalités IA avancées au cœur des PC soit via Windows, soit via les initiatives de chaque constructeur pour se différencier de la concurrence.
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8 – La révolution des interactions homme-machine
Tout le monde se souvient des interactions vocales hyper naturelles, des échanges, entre Dave Bowman et l’IA HAL 9000 dans « 2001, l’odyssée de l’espace ». Elles ne sont plus de la science-fiction depuis cette année. L’introduction du mode vocal avancé de ChatGPT – qui fut suivi de Gemini Live (chez Google) et de Copilot Voice (chez Microsoft) – ont concrétisé des interactions vocales avancées qui révolutionnent la manière dont nous interagissons avec les machines. On parle désormais à l’IA comme on parle à un humain et celle-ci nous répond avec une vérité vocale bluffante (émotions, tics vocaux, interjections, etc.).
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9 – L’éclosion des modèles qui raisonnent
Les LLM frontières sont à la peine. Pour progresser, les ingénieurs en IA explorent de nouvelles pistes. Et celle qui a réellement émergé en fin d’année, c’est une nouvelle génération de modèles qui « réfléchissent avant de répondre », des modèles IA qui raisonnent. OpenAI a ouvert la voie avec son « OpenAI o1 », qui sera surpassé dès début 2025 par « OpenAI o3 ». Mais Google a également implémenté un mode « Thinking Experiment » dans son nouveau modèle « Gemini 2.0 Flash ». DeepSeeek a dévoilé son modèle « à raisonnement » dénommé R1. Microsoft expérimente une fonctionnalité « Think Deeper ». Et Claude 3.5 , dans sa dernière mouture, implémente également une réflexion préalable à la formulation de ses réponses.
Ces modèles « à raisonnement » se révèlent bien meilleurs sur les problèmes mathématiques et scientifiques mais aussi pour le codage informatique. Ils devraient aussi ouvrir en 2025 la voie à des applications plus sophistiquées, notamment dans les domaines de la planification et de la prise de décision. Chez Salesforce par exemple, l’ère de l’IA qui raisonne se traduit par l’arrivée du « moteur de raisonnement Atlas » qui crée une compréhension sémantique détaillée des données et des processus de l’entreprise pour mieux contextualiser les réponses de l’IA.
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10 – L’IA générative s’empare de la vidéo
Après le texte et l’image, l’IA générative investit massivement le domaine de la vidéo. 2024 a été marquée par l’annonce de Sora puis par l’arrivée d’outils capables de créer des contenus vidéos complexes à partir de simples descriptions. Ces IA ouvrent des perspectives révolutionnaires pour le monde des médias, du cinéma et de la création à des fins marketing. Elles révolutionnent également le montage au sein d’outils comme Adobe Premiere en permettant de rallonger des séquences trop courtes ou d’inventer des transitions non filmées.
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11 – Les assistants IA cherchent le Web pour vous
Les assistants IA se perfectionnent dans la recherche d’informations sur le Web, devenant de véritables moteurs de recherche conversationnels, capables de filtrer et synthétiser les résultats avec précision. Bing Chat avait ouvert la voie. Mais l’intégration de la fonction « SearchGPT » au cœur de ChatGPT montre qu’on peut aller encore plus loin. Même Mistral a désormais intégré une fonction de recherche Web à son assistant « Le Chat ».
ChatGPT intègre enfin une vraie recherche Web, dans sa version Plus…
Bing insuffle plus d’IA aux recherches Web
Microsoft étend – un peu – l’expérience Generative Search de Bing
OpenAI lance SearchGPT, son propre moteur de recherche Web
12 – La collaboration avec l’IA s’outille
Des solutions comme Microsoft Copilot Pages ou Google NotebookLM, mais aussi comme le nouveau hub IA « Google AgentSpace » (qui intègre NotebookLM) ont vu le jour pour faciliter la collaboration. Ces outils offrent des espaces de travail partagés où les utilisateurs peuvent co-créer avec l’IA en temps réel. Cette collaboration autour et avec l’IA va se généraliser en 2025 comme en témoignent les fonctions « Project » de ChatGPT Plus et Claude AI.
Google Agentspace préfigure les Hubs d’IA d’entreprise de 2025
Microsoft lance Copilot Pages, un nouvel outil pour collaborer avec l’IA
Google lance NotebookLM Plus et révolutionne la création de podcasts
Le plein de nouveautés pour Claude AI, le concurrent de ChatGPT
Build 2024 : Microsoft lance Team Copilot, un nouveau collaborateur IA au sein de votre équipe
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Collaboration d’équipe : quand l’IA s’en mêle
Vers une IA responsable et orchestrée pour 2025
Si 2024 a encore été une année d’ébullition, 2025 s’annonce comme celle de la maturation et de l’orchestration. Les agents IA, qui commencent à se déployer, devraient trouver des usages concrets grâce aux avancées technologiques et l’arrivée d’outils pour les créer facilement et plus encore les orchestrer.
Les IA devraient également se montrer plus « intelligente » grâce à des capacités de raisonnement accrues mais aussi grâce à de nouveaux axes de recherche tels que les Large Context Models (LCM) initiés par Meta qui promettent des IA avec une meilleure compréhension des contextes et qui « pensent » un peu plus comme des humains.
La santé pourrait être l’un des domaines à être les plus transformer en 2025 avec des applications concrètes allant du diagnostic à l’optimisation des traitements. Preuve en est la récente expérimentation d’une IA de détection des cancers du sein menée durant deux mis au Royaume-Uni. En analysant 12.000 mammographies jugées « normales » par les médecins, l’IA a repéré 5 patients pourtant effectivement atteints d’un cancer qui ont ainsi pu être pris en charge très tôt.
Cependant, ces avancées ne peuvent se faire sans relever les défis éthiques et réglementaires. De la transparence des algorithmes à la gestion des biais, en passant par la protection des données personnelles, les entreprises et les gouvernements devront collaborer pour aligner l’IA sur des valeurs sociétales en s’appuyant sur les premières règlementations comme l’AI Act européen.
Parallèlement, il est crucial désormais d’inscrire l’IA dans une logique de durabilité, en réduisant son empreinte carbone et en promouvant des pratiques de numérique responsable.
Et si 2025 se révélait l’année où l’IA cessera d’être un « phénomène » pour devenir une force structurante au service d’une société plus efficace, équitable et durable ?